Le 19 mars 2025, des milliers de Boliviens ont pris part à des manifestations dans les villes de La Paz et El Alto pour dénoncer la pénurie de carburant et la crise économique qui touche le pays. Ces mobilisations ont été menées par deux groupes distincts : d’une part, des indigènes aymaras et, d’autre part, des conducteurs de bus et de poids lourds. Les deux groupes ont convergé vers la capitale, où ils ont encerclé la Place d’Armes, située devant le palais présidentiel, gardée par des policiers anti-émeutes.
Les manifestants réclament une action immédiate du gouvernement pour résoudre la crise économique. Leonardo Quispe, leader indigène, a souligné que l’inflation élevée et la hausse des prix des biens de consommation de base mettent une pression considérable sur les populations les plus vulnérables. Selon les données officielles, l’inflation a atteint 12 % en janvier 2025, son niveau le plus élevé depuis 2008. Cette situation est exacerbée par la pénurie de carburant, particulièrement dans les zones rurales, où les prix du transport et de l’agriculture sont fortement impactés.
Les manifestants dénoncent également la gestion économique du gouvernement du président Luis Arce, qui depuis 2023 fait face à une grave crise économique. Cette dernière résulte d’un manque de devises étrangères, la Bolivie ayant épuisé ses réserves de dollars nécessaires à l’importation de carburant. Ce manque de liquidités a conduit à des pénuries de carburant, qui sont désormais omniprésentes, notamment dans les stations-service. Selon des données récentes du médiateur pour les droits des citoyens, environ 66 % des stations-service sont à court de carburant, forçant les automobilistes à patienter entre 4 et 24 heures pour se ravitailler.
Réactions gouvernementales et mesures prises
Face à ces manifestations, le gouvernement bolivien a annoncé une série de mesures pour limiter la consommation de carburant, telles que l’introduction de cours en ligne dans les écoles et la réduction de la flotte de véhicules publics. De plus, le gouvernement a promis d’acheter davantage de carburant pour résoudre la crise. Cependant, ces mesures ont été jugées insuffisantes par les manifestants, qui insistent sur la nécessité de solutions durables et rapides pour rétablir la stabilité économique.
Luis Chavez, leader des conducteurs de poids lourds, a déclaré que le gouvernement avait eu suffisamment de temps pour résoudre cette crise, mais qu’aucune solution concrète n’avait été apportée jusqu’à présent. Les manifestants, qui se disent prêts à intensifier leur mobilisation, estiment que le gouvernement doit prendre des mesures plus ambitieuses pour stabiliser la situation.
Impact de la crise économique sur les populations rurales
La pénurie de carburant a particulièrement affecté les zones rurales, où les populations dépendent fortement du transport pour accéder aux marchés et aux services de base. Selon Leonardo Quispe, cette situation a aggravé les conditions de vie des habitants des zones rurales, déjà confrontés à des difficultés économiques dues à la hausse des prix des produits de première nécessité. La crise a également conduit à des pénuries alimentaires dans certaines régions, augmentant ainsi la pression sur un gouvernement déjà critiqué pour sa gestion de l’économie.
Les manifestations, bien qu’étant largement pacifiques, ont perturbé la circulation dans les grandes villes, en particulier à El Alto, où des blocages de routes ont affecté l’accès à l’aéroport international qui dessert la capitale. Les autorités locales ont averti que si les revendications des manifestants ne sont pas prises en compte, les tensions pourraient encore augmenter dans les jours à venir.