L’Allemagne poursuit sa politique de sortie du nucléaire avec le lancement officiel du démantèlement de la centrale nucléaire de Krümmel. Cette centrale, exploitée par Vattenfall et co-détenue avec EOn, a reçu l’autorisation réglementaire de la part de l’autorité de supervision nucléaire à Kiel pour entamer la déconstruction de ses infrastructures. Cette décision intervient après plusieurs années de procédures et de préparations, marquant une avancée significative dans le processus de fermeture des réacteurs nucléaires du pays.
Krümmel, située dans le Schleswig-Holstein, a été mise en service en 1983 avec un réacteur à eau bouillante de 1260 MWe. Cependant, elle a connu plusieurs incidents qui ont entraîné des arrêts prolongés, notamment un incendie de transformateur en 2007. Après la catastrophe de Fukushima en 2011, l’Allemagne a décidé de retirer les licences d’exploitation de plusieurs réacteurs, dont Krümmel, dans le cadre de sa politique de sortie du nucléaire. Le site est depuis en phase de préparation pour son démantèlement complet, dont le coût est estimé à 1 milliard d’euros.
Un démantèlement complexe et progressif
Le démantèlement de Krümmel est un processus minutieux qui s’étalera sur environ 15 ans. Depuis 2015, Vattenfall travaille à réduire l’inventaire radioactif sur le site. À ce jour, 99 % des matières radioactives ont déjà été évacuées, incluant les éléments combustibles. La prochaine étape consistera à démanteler les composants internes de la cuve du réacteur, qui représentent la majeure partie des 1 % restants de radioactivité. Les travaux sur ces composants devraient débuter d’ici la fin de l’année et s’étendre jusqu’en 2027.
La complexité de cette opération réside dans la nécessité de démanteler chaque partie du réacteur de manière sécurisée et en conformité avec des normes strictes. Chaque phase du démantèlement doit être soumise à une approbation individuelle des autorités, rendant le processus particulièrement scrupuleux et régulé. Vattenfall compte s’appuyer sur l’expérience acquise lors du démantèlement de la centrale de Brunsbüttel, également en cours dans le nord de l’Allemagne, pour mener à bien cette opération.
Enjeux et perspectives pour l’Allemagne
Le démantèlement de Krümmel s’inscrit dans une dynamique plus large de dénucléarisation en Allemagne, où plusieurs centrales sont actuellement en phase de déconstruction. Ce processus soulève des défis considérables, notamment en matière de gestion des déchets nucléaires et de réhabilitation des sites. La transformation des sites en zones « greenfield » représente une ambition majeure pour l’Allemagne, qui cherche à réaffecter ces terrains à des usages non industriels.
L’évolution du démantèlement de Krümmel sera observée de près par les acteurs du secteur, tant pour les leçons qu’elle pourrait offrir que pour son impact potentiel sur la stratégie énergétique du pays. La fermeture des centrales nucléaires en Allemagne s’accompagne d’une réflexion approfondie sur l’avenir énergétique du pays, où les énergies renouvelables occupent une place croissante. Les professionnels du secteur suivent ces développements avec intérêt, conscients des implications techniques, économiques et environnementales de cette transition.