La découverte de pétrole au Guyana crée des tensions géopolitiques avec le Venezuela, alors que huit compagnies pétrolières obtiennent des autorisations pour les forages.
Selon le ministère des Ressources naturelles du Guyana, ExxonMobil a découvert un important réservoir d’hydrocarbures dans la région de l’Essequibo, d’une superficie de 160 000 kilomètres carrés, administrée par le Guyana, et dont le Venezuela revendique l’autorité dans un litige territorial datant du XIXe siècle. Avec ses partenaires Hess et CNOOK, le géant pétrolier américain a depuis 2015 découvert 46 réservoirs au large des côtes du Guyana, dont quatre depuis le début de l’année.
Un litige territorial enraciné dans l’histoire
Le Guyana, ancienne colonie britannique, affirme que l’actuelle frontière maritime avec le Venezuela se base sur une décision d’une cour d’arbitrage de Paris datant de 1899. Un verdict jamais accepté par Caracas, qui affirme que le fleuve Essequibo constitue une frontière naturelle reconnue comme telle depuis l’indépendance vis-à-vis de la couronne d’Espagne au début du 19e siècle. Le différend, qui est porté devant la Cour internationale de justice de La Haye, s’est intensifié après la première découverte de pétrole par ExxonMobil il y a huit ans. Le Venezuela a annoncé l’organisation d’un référendum le 3 décembre sur l’annexion de l’Essequibo. Le Guyana le juge illégal, avec le soutien de la Communauté des Caraïbes (Caricom) et de l’Organisation des États américains (OEA).
Réactions et implications
Dans un communiqué mercredi, la Caricom juge que le référendum n’a « aucune validité, aucune portée ni aucun statut en droit international », et ajoute espérer « sincèrement que le Venezuela n’évoque pas la perspective d’un recours à la force ou à des moyens militaires ».
Le vice-président guyanais Bharrat Jagde a par ailleurs indiqué jeudi avoir autorisé, après appels d’offres, huit compagnies pétrolières à effectuer des forages au large de l’Essequibo. Parmi elles, TotalEnergies, en partenariat avec Qatar Energy et la société malaisienne Petronas, mais également International Group Investment Inc, basée au Nigeria, Liberty Petroleum Corporation, Hess et ExxonMobil, basées aux États-Unis, China National Offshore Oil Corporation (CNOOC) et SISPRO Inc, basée au Guyana. Chaque société devra payer une prime de signature de 10 millions de dollars dans le cas d’exploration de blocs en eaux peu profondes et de 20 millions de dollars dans le cas d’exploration en eaux profondes, a souligné le vice-président. « Nous devons maintenant rencontrer les parties auxquelles les blocs ont été attribués pour négocier les contrats. »
La découverte de pétrole au Guyana suscite des tensions géopolitiques dans la région, alors que le différend territorial avec le Venezuela perdure. L’avenir de cette situation complexe reste incertain, mais il est clair que la découverte de ces réservoirs d’hydrocarbures a des répercussions significatives sur la politique et l’économie de la région.