Le Mexique possède des ressources considérables en hydrocarbures non conventionnels, estimées à environ 113 milliards de barils équivalent pétrole, selon la Commission nationale des hydrocarbures (CNH). Parmi ces ressources, 57 % sont situées dans des dépôts non conventionnels, principalement inexploités. La technologie de la fracturation hydraulique (fracking) a considérablement évolué, rendant l’exploitation de ces ressources plus viable. Pourtant, sous l’administration actuelle, cette approche a été largement délaissée.
Un Potentiel Ignoré
Sous la présidence d’Andrés Manuel López Obrador, Petróleos Mexicanos (Pemex) s’est concentrée sur les gisements en eaux peu profondes et terrestres. Cette stratégie a écarté l’exploration des dépôts non conventionnels et en eaux profondes, considérés comme plus risqués et à maturation lente. L’administration a explicitement rejeté l’utilisation du fracking, malgré les énormes réserves potentielles.
Enrique Silva Pérez, partenaire chez Procura Regulatory Consulting, estime que refuser de débattre du fracking est une erreur stratégique. « Il est indispensable d’évaluer le potentiel de ces ressources pour alimenter la croissance du pays avec ses propres moyens, » déclare-t-il.
Nécessité d’Investissement et de Planification à Long Terme
Fluvio Ruíz Alarcón, analyste indépendant, souligne que le Mexique dépend fortement du gaz étranger, avec une dépendance atteignant plus de 90 %. Il note que la faible production de Pemex est principalement destinée à sa propre consommation, et que le manque d’investissements et de planification à long terme entrave l’exploitation efficace des ressources gazières.
Ruíz Alarcón ajoute que l’infrastructure déficiente empêche Pemex de traiter correctement le gaz, conduisant à un gaspillage important. « À un moment donné, le pays brûlait jusqu’à 13 % de sa production, un chiffre qui est maintenant réduit à environ 6 %, mais qui reste encore trois fois supérieur à la norme de 2 %, » précise-t-il.
Vers une Nouvelle Ère Pétrolière
Pour répondre à ces défis, il est proposé de créer une filiale indépendante au sein de Pemex, dédiée exclusivement au gaz, avec des incitations financières spécifiques. Actuellement, la production de gaz est soumise au même régime fiscal que celle du pétrole brut, ce qui n’est pas adapté aux réalités économiques distinctes de ces marchés.
En dépit d’une réduction de la redevance spéciale payée par Pemex au gouvernement, de 65 % à 30 %, la société continue de subir des pertes financières. La mise en place de mesures adaptées et d’investissements ciblés est donc cruciale pour exploiter pleinement le potentiel des hydrocarbures non conventionnels au Mexique.
Réévaluer la stratégie énergétique du Mexique est essentiel pour réduire la dépendance aux importations de gaz et maximiser l’utilisation des ressources nationales. L’adoption de technologies de fracking éprouvées pourrait jouer un rôle crucial dans ce changement de paradigme, stimulant ainsi la croissance économique et énergétique du pays.