Le projet de création d’un site de stockage et distribution de gaz naturel liquéfié (GNL) en périphérie de Strasbourg génère un débat intense. Situé sur un ancien site de raffinerie, il vise à implanter cinq cuves de stockage de GNL. Ce gaz, que l’on refroidit à -162°C pour le liquéfier, occupe moins d’espace. Le site, classé Séveso seuil haut, recevra du gaz importé, acheminé depuis Fos-sur-Mer jusqu’en Alsace.
Opposition et Critiques Environnementales
Ce GNL, principalement destiné comme carburant pour les transporteurs routiers, serait distribué aux stations-service du nord-est de la France et en Allemagne. Stéphane Simon, directeur chez Rubis terminal, souligne l’importance du GNL dans la reconversion énergétique des transports lourds, vu comme une solution disponible et fonctionnelle. Il met en avant le manque de hub GNL dans la région du Grand Est, actuellement dépendante de l’approvisionnement par camion depuis Fos-sur-mer. Selon lui, l’implantation d’un hub local favoriserait l’approvisionnement du territoire dans le cadre de la transition énergétique.
Défis de la Transition vers le BioGNL
Cependant, le projet fait face à une opposition ferme. Des voix critiques, comme Marie Chéron de l’ONG Transport et Environnement, questionnent l’investissement dans une technologie jugée sans avenir. Le GNL, bien que moins polluant que le diesel, reste un hydrocarbure contribuant au réchauffement climatique. L’Autorité environnementale remet en question la contribution du projet à la transition énergétique, soulignant son caractère carboné.
Enjeux Locaux et Réactions Communautaires
Les communes d’implantation, Reichstett et Vendenheim, ainsi que la métropole de Strasbourg, ont exprimé des avis négatifs, craignant une saturation du trafic routier et d’autres nuisances. Georges Schuler, maire de Reichstett, souligne les problématiques liées à l’augmentation du trafic et aux restrictions de développement d’autres formes d’énergies renouvelables à proximité d’un site Séveso.
Les promoteurs du projet défendent cependant l’utilisation du gaz comme alternative viable à l’électrique pour les transports lourds. Ils mettent en avant le potentiel du bioGNL, une énergie renouvelable moins polluante, produite à partir de matières organiques. L’intégration du bioGNL dans la Taxe incitative relative à l’utilisation d’énergie renouvelable dans le transport (Tiruert) pourrait accélérer la transition vers cette énergie. Laurent Hamou d’Elengy, partenaire du projet, évoque les défis de production du bioGNL et l’absence actuelle d’infrastructures de liquéfaction en Grand Est, mais reste optimiste quant à la possibilité d’un stockage régional de bioGNL à 100% d’ici 2030.
Le projet de stockage et distribution de GNL en Alsace soulève des questions cruciales sur l’équilibre entre transition énergétique et préservation environnementale.