La société Fortum, l’un des leaders du secteur énergétique en Finlande, subit quotidiennement des cyberattaques et des activités de surveillance sur ses infrastructures critiques en Finlande et en Suède. Ces incidents incluent des tentatives de perturbation des connexions satellitaires, des survols de drones non identifiés et une surveillance physique des sites de production énergétique. Cette intensification des activités malveillantes semble être liée à la dégradation des relations avec la Russie, qui a suivi la décision de la Finlande et de la Suède de rejoindre l’OTAN après l’invasion de l’Ukraine en 2022.
Une montée des menaces sur les infrastructures énergétiques
Selon les données de Fortum, ses installations de production d’énergie, y compris les centrales hydroélectriques, éoliennes, solaires et nucléaires, ont enregistré une hausse significative du nombre de cyberattaques depuis le début de l’année 2024. GlobalData a recensé, au premier trimestre de 2024, le plus grand nombre d’attaques ciblant des infrastructures critiques de ces quatre dernières années. Cette tendance semble être exacerbée par l’intégration accrue des énergies renouvelables, qui a élargi la surface d’attaque pour les pirates informatiques.
La complexité croissante de ces cyberattaques s’accompagne de nouvelles vulnérabilités, notamment au sein des anciens systèmes de gestion et de contrôle des installations. Fortum a ainsi décidé de renforcer ses protocoles de sécurité en adoptant des technologies avancées et en procédant à des mises à jour régulières de ses systèmes.
Réponses de Fortum aux cybermenaces
Pour atténuer ces risques, Fortum a mis en place des mesures de sécurité accrues, telles que des contrôles d’accès plus stricts, le déploiement de personnel de sécurité privé et la réalisation d’exercices de simulation d’urgence en collaboration avec les autorités locales. La coopération avec les agences nationales de sécurité reste toutefois limitée, car l’attribution de ces attaques à des acteurs étatiques, en particulier russes, demeure un sujet sensible. Les responsables de Fortum reconnaissent néanmoins que l’implication de la Russie est fortement suspectée.
Contexte géopolitique
L’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN a été perçue par la Russie comme une menace directe pour sa sécurité nationale. En réponse, Moscou a intensifié ses opérations de renseignement et de cyberespionnage contre ses voisins nordiques. Cette situation est particulièrement tendue depuis que la Russie a saisi les actifs de Fortum sur son territoire, d’une valeur estimée à 1,9 milliard de dollars, en représailles aux sanctions européennes.
Les agences de renseignement finlandaises et suédoises ont averti que la Russie pourrait chercher à tester la résilience des infrastructures énergétiques de ses voisins tout en collectant des informations stratégiques. Les survols de drones non identifiés et les tentatives de perturbation des communications satellitaires de Fortum illustrent ces efforts pour créer de l’incertitude et exercer une pression sur les acteurs de l’énergie.
Perspectives pour Fortum et le secteur énergétique
Malgré l’augmentation des menaces, Fortum affirme que les répercussions sur ses opérations restent limitées, soulignant l’efficacité de ses mesures de protection. Cependant, la persistance de ces attaques indique une stratégie à long terme visant à évaluer la robustesse des systèmes, à recueillir des renseignements sensibles, voire à perturber les chaînes d’approvisionnement énergétique dans la région.
À l’avenir, Fortum et d’autres entreprises du secteur devront renforcer davantage leurs investissements dans la cybersécurité et collaborer plus étroitement avec les agences de renseignement pour protéger leurs infrastructures critiques. La sécurité des actifs énergétiques, dans un contexte géopolitique instable, pourrait devenir un enjeu prioritaire pour l’Union européenne, alors que les tensions avec la Russie continuent de s’intensifier.