Le groupe australien CWP Global a suspendu le développement de son projet de production d’hydrogène et d’ammoniac vert en Mauritanie, l’un des plus vastes au monde, faute de demande suffisante. L’entreprise n’a pas réussi à sécuriser des contrats d’achat à long terme pour compenser les coûts de production plus élevés liés à la fabrication de carburants décarbonés.
Le projet AMAN prévoyait une mise en service entre 2029 et 2030 et devait s’appuyer sur 18 GW d’éolien et 12 GW de solaire pour produire jusqu’à 1,7 million de tonnes d’hydrogène vert ou 10 millions de tonnes d’ammoniac vert chaque année. L’investissement global estimé s’élevait à $40 milliards, selon l’entreprise.
Un écart de prix difficile à combler
Le directeur général de CWP Global, Mark Crandall, a déclaré que « pour l’instant, personne ne souhaite acheter de l’ammoniac vert — ni même bleu — à un prix acceptable pour les producteurs ». Il a précisé que le blocage ne relevait ni des conditions locales ni de la régulation mauritanienne, mais d’une rentabilité encore trop faible liée à l’absence d’un prix du carbone incitatif.
L’Union européenne est citée comme l’un des marchés cibles, mais selon Crandall, les dispositifs en place ne permettent pas de combler l’écart entre les coûts de production du carburant vert et ceux de ses équivalents fossiles. L’absence de mécanismes de soutien suffisants, notamment en matière de tarification du carbone, rend les projets économiquement fragiles à ce stade.
Un contexte similaire en Angola
CWP Global a également signalé des retards sur un autre projet situé en Angola. D’une capacité prévue de 600 MW, ce site devait tirer parti d’un surplus d’hydroélectricité. Il rencontre cependant les mêmes obstacles commerciaux, les acheteurs potentiels n’étant pas disposés à accepter la prime associée à l’ammoniac vert.
L’entreprise affirme rester confiante dans l’évolution du marché, tout en reconnaissant que l’attente d’acheteurs industriels prêts à payer un surcoût est une contrainte majeure. « L’attente de contrats d’achat est douloureuse pour tous les acteurs impliqués », a ajouté Crandall, appelant à des mesures plus fortes en matière de tarification du carbone.