La crise énergétique qui frappe actuellement le monde est sans précédent. Les prix du gaz bondissent de 350% depuis le début de l’année 2021 en Europe, tandis que ceux de l’électricité devraient encore augmenter. En Asie, la situation est comparable, alors que les Chinois augmente leur production de charbon.
La crise énergétique portée par le GNL
Le gaz naturel liquéfié (GNL) est au centre des préoccupations. Face à la crise climatique, cette ressource est devenue un élément central vers des économies décarbonées. Moins polluant que le charbon et plus flexible que les renouvelables, le GNL est mondialement sollicité comme palliatif aux fossiles polluants.
Cependant, la faible production européenne et la demande accrue en provenance d’Asie créent une flambée des prix du gaz. L’Europe se retrouve donc dépendant de son système énergétique d’importation massive.
Le prix du GNL augmente de 350% sur l’année
Depuis janvier 2021, le prix du GNL a augmenté de plus de 350%. Cette hausse est conséquence d’une météo particulièrement froide pour la saison estivale ayant déclenché une baisse des stocks de GNL. Une baisse aggravée par une dépendance aux importations Russes dont dépend au tiers la production électrique européenne.
Par ailleurs, l’IEA accuse la Russie de diminuer volontairement ses exportations malgré la situation de crise énergétique. Une décision animée, selon Washington, par les tensions autour de l’Ukraine et le gazoduc Nord Stream 2.
La crainte d’un hiver long et froid
Pour l’instant, les analyses se veulent rassurantes. L’Europe ne devrait pas connaitre de pénurie d’électricité cet hiver. Malgré la crise énergétique, les stocks disponibles de GNL devraient en effet suffire à couvrir les besoins. Mais ces estimations reposent sur l’hypothèse d’un hiver normal et d’une hausse des capacités d’importation. Cependant, la survenue d’un hiver plus froid n’est pas impossible et rappelle les évènements blackout au Texas de février 2021.
Suite à une baisse record des températures, 4 millions de Texans se sont retrouvé privé d’électricité pendant plusieurs jours. La demande accrue d’électricité associée à l’arrêt des générateurs d’électricité à cause du froid ont entrainé une crise énergétique nationale. En quelques jours, la production pétro-gazière des États-Unis a chuté de 40%.
Un évènement qui a fortement contribué à la crise actuelle. Encore aujourd’hui, les exportations de GNL américain restent inférieures à la normale et répondent difficilement à la demande. Si ces « Polar Blast » reste exceptionnels, ils tendent à se multiplier et pourraient aggraver la crise.
La Chine retourne au charbon
Pour faire face, la Chine, elle, fait le pari du charbon. Grâce à un réseau interconnecté, elle compte alimenter l’ensemble du pays à partir des centrales thermiques disséminées sur son territoire. Près de 200 mines à charbon ont été mobilisé pour prévenir toute rupture en gaz et hausse de la demande. Dans le même temps, le gouvernement a sollicité des partenaires extérieurs et augmente ses importations en charbon de 70%. Malgré les engagements pour sortir le monde du charbon, le premier consommateur au monde fait le choix de sécurisé sa production.
Cependant, de récentes inondations dans le nord du pays ont contraint à la fermeture de dizaines de mines. La Chine, qui représente l’essentielle de la pression énergétique mondial, risque de continuer à peser sur la demande européenne en gaz. Aujourd’hui, la ressource charbonnière représente 62% de la production électrique chinoise, le GNL 7%.
Le Royaume-Uni en première ligne de la crise
En Europe, le Royaume-Uni fait l’objet de toutes les inquiétudes. Selon le régulateur de l’énergie britannique, la situation est sans précédent. Le pays qui dépend à 40% du GNL à connu une hausse de prix de 70% en un mois. Une crise énergétique aggravée par le Brexit, le Royaume-Uni ne pouvant plus profiter de l’achat groupé de GNL. S’ajoute le déficit de l’éolien offshore et les difficultés d’approvisionnement avec la France.
Avec la sortie de l’UE, 20.000 chauffeurs routiers ont quitté le Royaume-Uni provoquant des difficultés logistiques sans précédent. La pénurie de bien de consommation, et surtout d’essence, entraine une inflation qui s’ajoute à la crise.
Ainsi, depuis janvier 2021, sept énergéticiens ont fait faillite. Le gouvernement britannique craint un effet de faillite en cascade. En déplacement à New York, le Premier Ministre Boris Johnson déclare prendre au sérieux le risque d’une crise économique.
Si les analystes restent optimistes, cette crise relève d’un niveau d’incertitude élevé. La hausse des prix et les capacités de stockage européen pourraient s’avérer dramatique pour l’économie du continent.
Tandis que la Chine fait marche arrière sur ses engagements climatiques, la Commission européenne déclare vouloir garder son cap. Néanmoins, les conséquences d’un hiver long et froid pourraient inverser la tendance. Dans l’immédiat la commission assure prendre les mesures nécessaires pour éviter toute coupure d’électricité.