Les autorités de l’Est libyen, sous l’influence de Khalifa Haftar, ordonnent la fermeture de tous les gisements et terminaux pétroliers sous leur contrôle, suspendant ainsi la production nationale. Cette décision intervient en réponse directe à la tentative du gouvernement de Tripoli de remplacer le gouverneur de la Banque centrale de Libye (BCL), Siddiq al-Kabir, par Mohamed Abdul Salam al-Shukri. La fermeture des champs, incluant le champ de Sharara avec ses 300 000 barils par jour (b/j), marque une escalade significative dans le conflit.
La production pétrolière, qui atteignait 1,15 million de b/j en juillet 2024, est désormais gravement compromise. Le gouvernement de l’Est invoque l’état de force majeure pour justifier la suspension des activités dans le croissant pétrolier ainsi que dans les régions du sud et du sud-est.
Impacts immédiats sur les marchés énergétiques
La suspension des exportations libyennes affecte directement le marché pétrolier méditerranéen, particulièrement en Europe du Nord-Ouest, où le brut libyen est prisé. Les prévisions de reprise de la production à 2 millions de b/j dans les cinq ans à venir sont remises en question. Les conséquences de ce blocage se font sentir immédiatement sur les marchés, où les investisseurs réagissent à cette nouvelle instabilité.
Le rôle central de la BCL dans la redistribution des recettes pétrolières place cette institution au cœur des enjeux de pouvoir en Libye. Le contrôle des revenus issus du pétrole, essentiel pour l’économie libyenne, est devenu un levier stratégique dans le conflit entre les factions rivales. Les tentatives de Tripoli de remplacer al-Kabir ont exacerbé les tensions, déclenchant des mobilisations de milices et une militarisation accrue autour des institutions financières.
Conséquences pour les acteurs du secteur pétrolier
Les compagnies opérant en Libye font face à une nouvelle vague d’incertitude. La menace d’un arrêt total de la production met à mal les plans d’expansion et d’investissement dans le pays. Les relations tendues entre les acteurs politiques, notamment Dbeibah, Haftar, Kabir, et le président de la NOC, Farhat Bengdara, compliquent encore davantage la situation.
Les blocages précédents orchestrés par Haftar avaient déjà réduit la production à des niveaux critiques, et ce nouvel épisode de tensions pourrait entraîner des perturbations encore plus sévères. Les professionnels du secteur suivent de près ces développements, conscients que toute prolongation de la crise pourrait avoir des répercussions durables sur la stabilité régionale et l’approvisionnement énergétique mondial.