L’écart entre les anciens et les nouveaux crédits d’énergie renouvelable s’est réduit au cours des dernières semaines. Certains acheteurs vont même jusqu’à offrir un prix unique pour les deux crédits. Plusieurs acteurs tentent de décrypter cette tendance financière.
Les prix des crédits anciens rejoignent les nouveaux millésimes
Le 1er juin, une offre pour 120 000 mégatonnes de crédits d’énergie renouvelable a été émise à 4,50$/MtCO2e. Elle concernait des crédits de 2010 certifiés VCS en provenance de Turquie. Le même jour, la Turquie proposait des crédits hydroélectriques certifiés VCS à 5,89$/MtCO2e pour les millésimes 2020-2021.
Malgré la prime d’éligibilité CORSIA, qui concernait la seconde offre, les prix indiquent bien un rétrécissement des écarts entre millésimes. Ainsi, le 23 mai, des crédits d’énergie éolienne VCS et non éligibles à CORSIA ont été annoncés à 5$/MtCO2e. Ce prix global concernait tous les millésimes postérieurs à 2010 qui ne provenaient ni d’Inde, ni de Chine.
Quelle analyse de ce phénomène ?
Selon un courtier, la baisse globale des prix des énergies renouvelables au cours des derniers mois en serait responsable. Les acheteurs seraient à la recherche de crédits anciens, car ils anticiperaient la poursuite de la baisse des prix. Or, ce mouvement aurait fait augmenter la demande d’anciens crédits, faisant ainsi remonter leur prix.
Un développeur de crédits pour les énergies renouvelables a lui aussi expliqué ce phénomène comme suit :
« En raison de la baisse générale des prix, il y a peu d’échanges sur le marché en général. Les prix des nouveaux millésimes, plus chers, ont diminué, et les prix des millésimes plus anciens ont augmenté, car les acheteurs les ont acquis parce qu’ils étaient moins chers. L’écart s’est donc réduit. »
Par ailleurs, la vague de retraits de crédits anciens du marché l’année dernière aurait réduit la quantité d’anciens millésimes disponibles. De ce fait, la réduction de l’offre a mécaniquement fait augmenter les prix. Selon le développeur de crédits :
« Il est plus facile de vendre des crédits anciens à des prix plus élevés ces jours-ci, en particulier s’ils ne concernent pas l’hydroélectricité. »
Un second courtier s’est lui dit surpris, car il note une indifférence de certains acheteurs quant aux millésimes, avec des offres combinées pour les années à partir de 2010. Enfin, certains participants au marché ne voient pas de tendance durable de l’écart entre millésimes. Selon eux, « le marché est fragmenté avec des transactions aléatoires spécifiques à un projet qui se produisent à des niveaux variés entre 3,50$ et 5,50$/MtCO2e. »