Crainte des pays hôtes pour les Crédits Carbone

Les pays hôtes craignent que leurs gouvernements ne puissent pas atteindre leurs propres objectifs NDC, avec les crédits carbone.

Partager:

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25$/mois*

*facturé annuellement à 99 $ la première année, puis 149$/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

AUTRES ACCES

Abonnement mensuel

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2$/mois*
puis 14.90$ les mois suivant

COMPTE GRATUIT​

3 articles offerts par mois

GRATUIT

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 35 000 articles • +150 analyses/sem.

Les crédits carbone inquiètent les pays hôtes, surtout dans le cadre de projets internationaux. Néanmoins, ces pays doivent respecter l’Accord de Paris et atteindre leurs objectifs climatiques.

De fait, les pays hôtes craignent le rôle croissant des acteurs internationaux utilisant des crédits carbone. Ces derniers sont tenus de respecter les objectifs fixés par l’Accord de Paris, notamment leurs Nationally Determined Contributions (NDC).

Cet accord permet, en vertu de son article 6, la vente des crédits carbone produits localement ou l’achat de ces crédits sur le marché international. Cet article prévoit le partage des revenus entre les développeurs de projets et les propriétaires fonciers privées, dans le cadre du voluntary carbon market (VCM). Ce partage peut s’effectuer de manière opaque.

Inquiétude des pays hôtes

Les pays hôtes craignent que leurs gouvernements ne puissent pas atteindre leurs propres objectifs NDC, en accordant trop de crédits carbone. Les pays ne souhaitent pas que les crédits dans le cadre du VCM ou du marché souverain du carbone ne soient vendus à l’étranger.

En réaction, certains pays hôtes comme le Honduras ou l’Indonésie ont introduit des moratoires sur les activités carbone. Selon les observateurs, d’autres pays pourraient suivre cette tendance.

Par exemple, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a mis un terme à tous les projets forestiers sur son sol en mars. Puis, en avril, l’Indonésie a temporairement stoppé certaines activités liées au carbone, y compris celles en lien avec la nature. Le pays justifie son choix en souhaitant aligner toutes les activités déroulant sur son sol avec les politiques nationales.

Ensuite, en juin, le Honduras a suspendu tous les projets carbone volontaires basés sur la nature.

Hugh Salway, responsable des marchés chez Gold Standard, certificateur de projets environnementaux, a déclaré:

« Nous entrons dans une nouvelle phase des marchés du carbone. […] Plus de gouvernements pourraient prendre des mesures qui affectent le marché volontaire au cours des prochains mois, dont certaines peuvent présenter des opportunités pour les investisseurs et d’autres peuvent comporter des risques. »

Conflit potentiel entre les acteurs locaux et internationaux

Dans le cadre d’activités forestières, les acteurs internationaux sont susceptibles d’occuper tout l’espace disponible. Les activités de ces acteurs peuvent se dérouler dans des petits pays tels que la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il y a un risque de ne plus pouvoir produire des crédits carbone pour les acteurs locaux et le gouvernement.

Dans ces conditions, le pays hôte est contraint d’acheter des crédits à l’étranger, avec l’argent du contribuable ou bien par l’endettement. Par ailleurs, Kévin Conrad, directeur exécutif de la Coalition of Rainforest Nations (ONG), a déclaré:

« Les activités du VCM ne laissent aucun profit aux pays hôtes. […] Tous les bénéfices sont pris à l’étranger. »

En outre, Ben Rattenbury, responsable des politiques à Sylvera, évaluateur de projets, aborde la problématique des crédits REDD+:

« Dans de nombreux pays, les crédits REDD+ ne peuvent être délivrés qu’après que le propriétaire foncier a cédé ses droits carbone à l’entreprise qui développe le projet. […] Dans ce scénario, des tensions entre les intérêts des propriétaires fonciers (généralement des organisations privées) et les gouvernements pourraient survenir. »

Par conséquent, un conflit potentiel est envisageable. D’un côté, les propriétaires souhaitent développer des partenariats avec des acteurs internationaux et faire des bénéfices. De l’autre côté, le gouvernement local voit se réduire son potentiel de production de réductions d’émissions.

Il faut donc trouver un équilibre entre les bénéfices pour les pays d’accueil et l’attractivité pour les investisseurs.

Les objectifs NDC à respecter

Kévin Conrad explique:

« Les pays hôtes essaient de déterminer quelle est la meilleure stratégie pour atteindre leurs NDC .»

Pour respecter les NDC, les pays doivent se coordonner avec les acteurs nationaux actifs, dans les secteurs industriels où la décarbonation est cruciale.

Pour ce faire, le gouvernement doit demander à ces acteurs de réduire leurs émissions. Cela permettra de pouvoir recourir aux crédits carbone.

La nécessité de se coordonner peut expliquer les différents moratoires observés au cours des derniers mois, selon International Emissions Trading Association.

Andrea Bonzanni, directeur de la politique internationale au sein de cette association, a déclaré:

« Les gouvernements commencent à évaluer le rôle des marchés dans le respect de leurs CDN et les interactions entre les instruments nationaux, le marché volontaire du carbone et l’article 6. […] Ils peuvent sélectionner certains secteurs industriels, imposer une obligation aux émetteurs, et offrir la possibilité de compenser par l’utilisation de crédits carbone. »

Par ailleurs, l’impact méconnu des activités VCM sur les objectifs NDC peut expliquer les préoccupations étatiques, d’après Rattenbury de chez Sylvera.

Un éclairage sur la situation

Rattenbury envisage deux manières pour résoudre le problème.

D’une part, il ne devrait être plus nécessaire pour les acheteurs d’entreprise de passer par une autorité de certification. Par conséquent, le pays hôte pourrait parallèlement utiliser les mêmes crédits sur son territoire pour respecter ses NDC.

D’autre part, les acheteurs d’entreprise pourraient obtenir un ajustement correspondant du gouvernement hôte. Autrement dit, les gouvernements n’utilisent pas les crédits carbone utilisés par les entreprises contre des NDC.

Des règles permettant aux pays d’accueil de conserver une partie des réductions d’émissions émises pourraient venir compléter cette hypothèse. Le responsable de Sylvera commente:

« Par exemple, sur une somme de crédits achetés par un acheteur, une partie des réductions d’émissions pourrait rester avec le gouvernement hôte pour être réclamée à ses NDC. »

La tendance des moratoires dans les pays hôtes est récurrente. C’est pour cette raison que les traders de VCM protègent leurs portefeuilles respectifs.

Selon un négociant en carbone basé en Europe:

« Certains clients anticipent le risque que des pays veuillent garder les crédits chez eux et ne pas autoriser leur exportation. […] Les acheteurs doivent comprendre comment diversifier la géographie de leurs portefeuilles. »

Ainsi, les VCM entrent dans une période potentiellement mouvementée, malgré la hausse observée en 2021. Il faut donc, développer de nouveaux outils de couverture pour rassurer les investisseurs.

 

Illustration par Abscent

RTE appelle à une électrification accélérée pour réduire la dépendance aux fossiles

RTE alerte sur le retard de la France dans l’électrification des usages, pourtant essentielle pour limiter les importations d’hydrocarbures et soutenir sa stratégie de réindustrialisation.

L’Inde annule 6,3 GW de connexions renouvelables, signalant un virage réglementaire

L’autorité centrale indienne a annulé 6,3 GW de connexions réseau pour projets renouvelables depuis 2022, une décision qui reflète un durcissement réglementaire et une volonté de recentrer la responsabilité sur les développeurs.

Le Brésil lance une feuille de route pour réduire sa dépendance au pétrole

Le gouvernement brésilien a reçu l'ordre de définir sous deux mois un plan de réduction progressive des combustibles fossiles, appuyé par un fonds national de transition énergétique alimenté par les recettes pétrolières.
en_114088881233540-2

L’Allemagne en retard sur la directive RED III, une application rétroactive probable

Le gouvernement allemand pourrait manquer l’échéance de janvier 2026 pour transposer la directive RED III, provoquant des incertitudes sur les obligations de biocarburants et perturbant les marchés.

L’Italie attribue 8,6GW de capacités renouvelables lors de son appel d’offres Fer-X

L’Italie a alloué 82 % des capacités solaires et éoliennes proposées dans le cadre de son appel d’offres Fer-X, totalisant 8,6GW, avec des prix de rachat compétitifs et une forte concentration des projets dans le sud du pays.

Paris missionne Jean-Bernard Lévy pour revoir les subventions aux renouvelables

Face à l’alourdissement des dépenses publiques, le gouvernement français mandate deux experts pour réévaluer le dispositif de soutien aux énergies renouvelables électriques et au stockage, avec des propositions attendues sous trois mois.
en_11404441234540

L’armée polonaise s’engage à sécuriser le réseau électrique face à la menace des drones

L'opérateur national PSE s'associe aux forces armées pour protéger les postes de transformation, alors que les infrastructures critiques sont ciblées par des actes de sabotage attribués à des ingérences extérieures.

La Norvège lance une commission pour planifier l’après-pétrole

Le gouvernement norvégien met en place une commission chargée d’anticiper le déclin des hydrocarbures et d’évaluer les options économiques pour le pays dans les prochaines décennies.

Le Kazakhstan lance des appels d’offres pour 3 GW de capacités renouvelables d’ici 2026

Le Kazakhstan prévoit d’allouer 3 GW de projets éoliens et solaires d’ici fin 2026 par appels d’offres, avec un premier lot d’1 GW en 2025, dans un contexte de modernisation de son système électrique.
en_114022221229540

Les pannes électriques aux États-Unis atteignent un record de 11 heures par client en 2024

Les ouragans Beryl, Helene et Milton ont représenté 80 % des coupures d’électricité enregistrées en 2024, un pic inédit en dix ans selon les données fédérales.

France : la CRE lance un dispositif transitoire pour encadrer les fournisseurs

La Commission de régulation de l’énergie introduit un contrôle prudentiel temporaire sur les fournisseurs de gaz et d’électricité, via un « guichet à blanc » ouvert dès décembre, en attendant la transposition des règles européennes.

Carney et Smith débloquent un pipeline vers l’Asie et modifient la loi sur les tankers

L’accord Carney–Smith lance un nouvel oléoduc vers l’Asie, supprime les plafonds d’émissions pétrogazières et amorce une réforme de la loi interdisant les tankers sur la côte nord du Pacifique.
en_114028281130540

Les actifs renouvelables post-CfD exposent les investisseurs à un risque de marché accru

La sortie progressive des contrats CfD transforme des actifs stables en infrastructures exposées à une volatilité accrue, remettant en cause les rendements attendus et les modèles de financement traditionnels du secteur renouvelable.

Le Canada réforme sa loi sur l’efficacité énergétique pour adapter sa politique aux marchés numériques

Le gouvernement canadien introduit une révision législative majeure de la Loi sur l’efficacité énergétique afin de soutenir sa stratégie nationale et s’aligner sur les réalités du commerce numérique.

Québec maintient seul un prix carbone à la pompe malgré la fin de la taxe fédérale

Québec devient l’unique province canadienne où le prix du carbone continue de s’appliquer directement aux carburants, dans un contexte où Ottawa a supprimé la taxe carbone grand public depuis avril 2025.
en_114027272629540

L’Inde investit $872mn pour produire localement ses aimants aux terres rares

New Delhi lance un plan d’incitations de 72,8 Md INR pour créer une capacité nationale de 6 000 tonnes d’aimants permanents, face aux restrictions croissantes imposées par la Chine sur les exportations de composants critiques.

Les contrats long terme redessinent le risque électrique sur 30 ans face à la volatilité

L’essor des CfD, PPA et mécanismes de capacité traduit un basculement structurel : les marchés ne couvrent plus les besoins de financement à 10–30 ans, alors que les prix spot ont bondi de 400 % en Europe depuis 2019.

Berlin prévoit l’acquisition de 25,1 % de TenneT Allemagne début 2026

L’Allemagne prévoit de finaliser l’achat de 25,1 % de la filiale allemande de TenneT pour 5,8 milliards €, afin de renforcer son contrôle sur les infrastructures critiques du réseau électrique national.
en_114026271130540

Le Ghana réorganise son secteur électrique autour du gaz pour contenir son déficit

Le gouvernement ghanéen met en œuvre une réforme de son système énergétique visant à renforcer l’usage du gaz naturel local, espérant réduire les coûts de production d’électricité et limiter le déséquilibre financier du secteur.

Le Suriname prévoit 220 000 barils par jour pour sa stratégie pétrolière d’ici 2028

À l’occasion des 50 ans de son indépendance, le Suriname a annoncé une feuille de route nationale incluant un investissement public majeur pour exploiter ses réserves pétrolières offshore.

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25$/mois*

*facturé annuellement à 99 $ la première année, puis 149$/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

Abonnement mensuel​

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2$/mois*
puis 14.90$ les mois suivant

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 30 000 articles • +150 analyses/sem.