COVID-19 : COMMENT LA PANDÉMIE MONDIALE A REDESSINE NOTRE RAPPORT AUX TRANSPORTS URBAINS ?
Dans un article de l’université de Columbia, Kathy Zhang explique quelles ont été les répercussions du confinement sur la fréquentation des transports en commun et autres moyens de locomotion urbains.
Les rues de Times Square vides à New York City durant la pandémie de coronavirus – Source : Condé Nast Traveler/Getty
Un triste bilan pour les transports urbains traditionnels
Alors que le coronavirus a obligé de nombreuses personnes à rester chez elles, nos façons de vivre, de travailler ou même de nous déplacer ont été bouleversées.
Lorsque le virus à commencer à se propager de manière très intense, de nombreux gouvernements ont imposé un confinement à leurs citoyens. A l’échelle du globe, plus de la moitié de la population a dû rester chez elle, ce qui a forcément eu un impact sur la demande de déplacement. Ainsi, une étude menée par l’INRIX (https://inrix.com/blog/2020/04/covid19-us-traffic-volume-synopsis-3/) a montré que la fréquentation des transports publics a chuté de 80% dans le monde entier et le transport routier américain a diminué de 50% par rapport à l’an dernier.
Kathy Zhang explique que cette chute drastique de l’utilisation des transports pourrait servir d’enseignement pour les années à venir :
“Le secteur des transports est le plus grand contributeur aux émissions de gaz à effet de serre des États-Unis, avec près de 30 %. Ces dernières années, les émissions liées au transport sont restées stables, tandis que les émissions du secteur de la production d’électricité ont diminué grâce aux progrès de la décarbonisation. La chute soudaine et spectaculaire de la demande de transport et les diverses réponses mondiales fournissent des enseignements précieux pour la reconstruction d’écosystèmes de transport plus durables et plus équitables.” (Kathy Zhang, Earth Institute Columbia)
Les leçons à tirer pour le secteur des transports
L’essor des deux-roues
Dans la mesure où le nombre de fermeture de ville et des entreprises s’intensifiait, certains travailleurs essentiels comptaient toujours sur des moyens de transport fiables et abordables pour aller au travail.
Ainsi, des villes américaines comme New York City, Chicago ou encore Philadelphie ont vu le nombre de cyclistes s’envoler durant la pandémie. En effet, les services de vélo en libre-service ont été fortement sollicités par les citadins voulant se protéger au maximum du virus. Ainsi, par rapport à mars 2019, les transports new-yorkais ont enregistré une augmentation de plus de 50% (https://twitter.com/nyc_dot/status/1237828705835155457) du nombre de cycliste sur tous les ponts de l’East River.
La pandémie a ainsi montré la demande croissante de services de transports offrant des solutions flexibles et peu coûteuses.
Source : Swifty Scooters
Les voitures ont été placées au second plan
De nombreuses villes ont fait le choix de réduire l’espace réservé aux voitures durant la crise de la COVID-19.
En effet, la pandémie a offert une opportunité rare aux grandes fille pour réaffecter l’espace public initialement réservé aux voitures aux piétons et aux cyclistes.
“Plus de 250 villes dans le monde ont pris des mesures pour donner de l’espace aux cyclistes et aux piétons en réponse à la COVID-19 (par exemple, en fermant certaines rues aux voitures, en élargissant les trottoirs, en ajoutant des pistes cyclables, etc.), et de grandes villes comme Paris et Rome développent leurs infrastructures cyclables de façon permanente […] et les grandes villes comme Paris et Rome développent en permanence leurs infrastructures cyclables.”
Vers une reprise durable et équitable ?
Récemment, plusieurs ministres européens en charge des questions climatiques ont signé une lettre ouverte afin d’utiliser le Green Deal comme cadre pour le plan de relance post COVID.
Plus précisément, ce Green Deal souhaite réduire les émissions issues des transports de 90% pour 2050. Cela devrait se faire grâce à des mécanismes de tarification du carbone et à des normes assez strictes sur les émissions des véhicules.
A un niveau plus local, Kathy Zhang explique que les villes devraient s’interroger sur la répartition inégale des impacts des transports sur la santé publique et l’environnement.
Pour Jen Roberton, conseillère principale au Bureau de la durabilité à la mairie de New York City :
« Nous devons rendre compte des inégalités historiques et institutionnalisées en impliquant activement les communautés de justice environnementale dans notre travail – ce travail est maintenant inextricablement lié à notre travail de récupération de COVID, […] Nous devons électrifier les camions et les bus qui émettent de grandes quantités de particules pour réduire la pollution de l’air dans la ville, continuer à développer les infrastructures de transport actif et faire remonter les gens dans nos bus et nos trains une fois que nous pourrons remettre la ville en état de marche en toute sécurité ».
Source : halteobsolescence.com
Les interrogations autour de la relance post COVID
Selon Mme Zhang, cinq points clés seront à surveiller lorsque les Etats-Unis entreront dans leur période de reprise :
- la vie active à distance, télétravail, télémédecine, éducation en ligne… Dans quelle mesure ses nouvelles habitudes vont rester après la pandémie ?
- les zones sans voitures, aménagement pour les cyclistes et piétons : comment ces nouvelles politiques affecteront l’utilisation des voitures ?
- le capital financier et politique pour le changement des infrastructures, comment préserver et accroître les investissements dans les voies réservées aux bus et aux vélos ?
- la remise sur pied des transports en commun, les aides financières seront-elles suffisantes pour que les organismes de transports en commun reprennent une activité normale ?
- l’impulsion pour une transition verte, la relance discutée par les gouvernements prendra-t-elle en compte les projet d’infrastructures vertes et d’énergies renouvelables pour la décarbonisation des transports ?
Pour en savoir plus sur cet article de l’université de Columbia : https://blogs.ei.columbia.edu/2020/07/10/urban-transport-changing-covid-19/