Le Gabon traverse une crise énergétique qui impacte fortement sa capitale, Libreville. La Société d’Eau et d’Énergie du Gabon (SEEG) décide de mettre en place des délestages rotatifs depuis le 4 septembre pour pallier le déficit de production et éviter l’effondrement du réseau électrique. Ces coupures planifiées, d’une durée de trois heures, se produisent plusieurs fois par jour et affectent les habitants de Libreville sans distinction de zones ou de périodes de la journée.
La baisse de production est principalement due à la diminution des niveaux d’eau au barrage de Kinguélé-Tchimbélé, une infrastructure essentielle pour l’approvisionnement en électricité de Libreville. Ce barrage, qui représente près de la moitié de la production énergétique de la capitale, connaît un déficit de 60 mégawatts. La SEEG avait déjà alerté en juin sur les faibles niveaux d’eau à la suite d’une saison des pluies moins généreuse que prévu. Cette situation met en lumière la vulnérabilité du système électrique de Libreville, largement dépendant des ressources hydrauliques.
Pression sur les infrastructures et défis financiers
En parallèle des problèmes hydrauliques, les centrales thermiques de Libreville, qui fournissent également une part substantielle de l’énergie, sont confrontées à des interruptions en raison de l’indisponibilité de certaines installations. Ces défis sur les infrastructures exacerbent les difficultés d’approvisionnement, rendant la gestion du réseau électrique de plus en plus complexe. Ce manque de capacité de production en continu entraîne une pression croissante sur le secteur énergétique gabonais.
Les difficultés financières de la SEEG compliquent également la gestion de cette crise. En août, la SEEG se retrouve sous les feux des critiques après un retard de paiement de 15 milliards de francs CFA (23 millions d’euros) à l’entreprise britannique Aggreko, prestataire opérant des centrales thermiques au Gabon. Cette situation tendue pousse Aggreko à menacer de cesser ses opérations, ce qui aurait exacerbé la crise énergétique à Libreville.
Réforme de la gestion de la SEEG et intervention de l’État
Devant l’aggravation de la situation, le président de la transition, le général Brice Oligui Nguema, place la SEEG sous administration provisoire fin août. Cette mesure intervient suite à des révélations sur des détournements financiers internes et des irrégularités dans le système de recharge des compteurs. Ces fraudes financières mettent en péril non seulement la stabilité financière de la société mais aussi la confiance des consommateurs et partenaires commerciaux. L’État cherche ainsi à rétablir l’ordre et la transparence dans la gestion de cette entreprise clé.
La régulation accrue de la SEEG vise à assurer une meilleure gestion des infrastructures énergétiques et à stabiliser le réseau électrique dans un contexte marqué par des défis croissants. La crise actuelle souligne la nécessité de revoir les politiques de maintenance et de gestion des actifs pour éviter de futurs épisodes de perturbations énergétiques.
Vers une stratégie énergétique plus résiliente au Gabon
Cette crise énergétique à Libreville illustre les défis structurels auxquels le Gabon doit faire face. La dépendance à l’hydroélectricité et aux centrales thermiques expose le pays à des risques importants de perturbations. Une modernisation des infrastructures et une diversification des sources d’approvisionnement en énergie apparaissent comme des priorités stratégiques pour renforcer la résilience du secteur.
Les autorités gabonaises, en prenant le contrôle de la SEEG, entendent établir une gouvernance plus solide et efficace, capable de répondre aux besoins croissants de la population et de l’économie. Des investissements dans des technologies plus robustes et une gestion rigoureuse des ressources énergétiques seront essentiels pour garantir la sécurité et la stabilité de l’approvisionnement à l’avenir.