En Côte d’Ivoire, le gouvernement annonce la fin du rationnement de l’électricité après 45 jours de coupures de courant intempestives.
La Côte d’Ivoire rétablit la fourniture d’électrique
« La fourniture de l’électricité est rétablie depuis le 9 juillet sur toute l’étendue du territoire », déclare le Ministre ivoirien de l’Énergie, https://energynews.pro/wp-content/uploads/2022/07/RENTEL-POWERPLUG-KLOET-061dd11042019-7.jpeg Camara, lors d’une conférence de presse à Abidjan.
Le pays accusait un déficit de 200 MW dû aux niveaux d’eau insuffisants dans les barrages hydroélectriques, résultat de la sécheresse. La Compagnie Ivoirienne d’Électricité (CIE) avait également rapporté des incidents sur le réseau électrique en avril 2021. L’offre de gaz naturel pour la production thermique n’était pas non plus suffisante pour combler ce déficit.
Le gouvernement a également annoncé la reprise des exportations en direction de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest. La Côte d’Ivoire, qui exporte habituellement environ 10% de sa production électrique, avait dû réduire ses exportations à 60 MW. Ces dernières ont déjà atteint les 100 MW et devraient revenir à leur niveau initial d’environ 200 MW en septembre 2021.
Les citoyens ivoiriens mécontents
« Toutes les dates annoncées pour la fin du rationnement de l’électricité ont été respectées », s’est félicité Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement.
Les citoyens ivoiriens n’avaient pourtant pas caché leur mécontentement face au rationnement de l’électricité, réparti en plages horaires. Certains avaient accusé le gouvernement de mener un programme de délestage, déplorant les pénuries de ressources : « Quand ce n’est pas l’eau, c’est le courant ! » s’est plaint un habitant de Yamoussoukro.
Une nouvelle centrale électrique de 200 MW ?
Une panne à la centrale thermique d’Azito à Abidjan en avril 2021 avait déjà privé d’électricité les entreprises et les consommateurs. Construite en 1998, cette centrale est responsable d’un tiers de la production d’électricité du pays.
Alors qu’Azito est en cours de réparation, le gouvernement explore des alternatives pour éviter une répétition de cette situation. Il considère notamment la construction d’une nouvelle centrale électrique de 200 MW alimentée au gaz naturel liquéfié (GNL).
Ciprel et Azito assurent 75% de la production
Le pays, qui connaît une forte croissance économique depuis la dernière décennie, a produit environ 2229 MW d’électricité en 2019. Deux centrales thermiques assurent 75% de la production : Ciprel fournit 40%, Azito 35%, le reste provient des barrages hydroélectriques. La CIE, privatisée en 1990 et propriété du groupe franco-africain Eranove, détient un monopole de distribution.
Néanmoins, la production est fortement tributaire des hydrocarbures : 95% du gaz naturel du pays part dans les centrales électriques. Des années de sous-investissement et le conflit civil du début des années 2000 ont gravement impacté le réseau électrique ivoirien. Ce dernier n’est donc pas préparé à accueillir les augmentations de capacité de production prévues et sa modernisation devient urgente.
94% des Ivoiriens connectés au réseau
Pourtant, les indicateurs semblent encourageants, dans un pays à 96,3% autonome énergétiquement, dont le PIB croît de 6,52% par an. Au lendemain de la crise post-électorale de 2011, seulement 34% de la population avait accès à l’électricité. En 2020, près de 94% des Ivoiriens étaient connectés au réseau électrique.
La privatisation d’une partie du secteur de l’électricité ivoirien a engendré l’un des systèmes énergétiques les plus robustes du continent. En 2013 par exemple, le pays d’Afrique de l’Ouest a investi dans de nouvelles turbines à vapeur pour Azito. Il est ainsi devenu le premier pays africain à mettre en œuvre un système de cycle combiné.
Cette technologie plus propre fournit une électricité moins chère et en plus grande quantité en réutilisant les gaz d’échappement. Cette innovation a permis au pays de répondre à la baisse de la capacité de production des barrages hydroélectriques. À cause du réchauffement climatique, ces derniers voient leurs ressources en eau diminuer depuis 2010.
Malgré les difficultés, de grandes ambitions
Plus largement, les problèmes que le pays connaît en ce moment sont symptomatiques d’un continent africain sous pression énergétique. La croissance démographique y fait notamment grimper la demande d’énergie deux fois plus vite que la moyenne mondiale. Alors qu’elle héberge 17% de la population, l’Afrique ne représente que 4% des investissements mondiaux dans le secteur électrique.
Le réchauffement climatique pèse également sur le pays ivoirien. La satisfaction de ses besoins énergétiques grandissants implique plus d’émissions de CO2, en hausse de 266% depuis 1990.
La Côte d’Ivoire espère néanmoins atteindre 6600 MW de production électrique d’ici à 2030, dont 16% proviendraient d’énergies renouvelables. À travers son Programme National d’Électrification Rurale, le pays compte électrifier toutes ses localités d’ici à 2025. Ces ambitions motivent des estimations optimistes, selon lesquelles le réseau atteindrait 99% des citoyens d’ici à 2035, avec 42% d’électricité renouvelable.