L’ouverture de la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, a connu un début mouvementé alors que les débats autour du Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (CBAM) de l’Union Européenne ont provoqué des tensions entre les nations présentes. Dès la première session plénière, le groupe BASIC — composé de quatre pays émergents : Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine — a insisté pour que les mesures unilatérales « climatiques et restrictives du commerce », telles que le CBAM, soient inscrites à l’ordre du jour de ce sommet mondial sur le climat.
Le CBAM au cœur des divergences internationales
Le CBAM, mis en place par l’Union Européenne, vise à réduire les émissions de carbone en imposant une taxe sur les importations de produits à forte intensité de carbone, notamment l’aluminium, le ciment, et l’acier, en provenance de pays aux politiques climatiques moins strictes. Ce dispositif ambitionne de réduire le risque de « fuite de carbone », soit la délocalisation d’industries polluantes hors de l’Europe pour échapper aux contraintes environnementales.
Cependant, la proposition de l’UE n’est pas perçue de la même manière par tous. Selon les pays en développement, le CBAM est perçu comme une mesure discriminatoire et punitive, menaçant leurs exportations. La première session de la COP29 a été brièvement interrompue en raison des demandes de certains pays, qui jugent que ce sujet devrait être abordé dans le cadre de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) plutôt qu’à la COP.
Réactions divergentes et impact économique pour les pays en développement
La critique de cette taxe carbone n’est pas nouvelle parmi les nations émergentes. Lors de précédents sommets, des pays comme le Brésil et l’Afrique du Sud ont déjà exprimé leur mécontentement vis-à-vis des impacts économiques de cette mesure, particulièrement pour leurs industries exportatrices de métaux et matériaux de construction. Ces économies voient dans le CBAM une tentative de protectionnisme déguisé qui pourrait affecter leur compétitivité.
Les nations du groupe BASIC, qui représentent un bloc significatif de pays émergents, ont souligné que des politiques climatiques doivent être adaptées au contexte économique des pays en développement. Ils affirment que l’imposition de telles taxes carbone sans alternatives de soutien économique pourrait entraver leur développement industriel.
Un enjeu pour la gouvernance mondiale du climat
Ce débat autour du CBAM reflète une question plus large dans la gouvernance climatique internationale : comment concilier les impératifs de transition écologique avec les réalités économiques diverses des pays. Certains analystes estiment que l’inclusion de telles discussions dans l’agenda officiel de la COP marquerait une reconnaissance du lien entre politique commerciale et politique climatique, mais l’UE continue de considérer ces questions comme relevant de l’OMC.
Kevin Conrad, fondateur de la Coalition pour les Nations de la Forêt Tropicale, a déclaré que ces discussions sont essentielles pour éviter des tensions durables entre pays. Il a par ailleurs affirmé que si ce sujet n’est pas officiellement abordé lors de la COP29, le Brésil, hôte de la COP30, le remettra sur la table l’année prochaine.
Le futur du CBAM et la place de la Chine
La Chine, quant à elle, a manifesté son intention de faire valoir ses intérêts commerciaux face aux politiques climatiques unilatérales de l’Occident. En réaction, un analyste politique de Pékin a souligné que le pays est prêt à discuter de l’ensemble des politiques qui influent sur le commerce international, y compris les nouvelles règles européennes sur les batteries et les subventions américaines dans les énergies propres.
Dans un contexte où les États-Unis pourraient s’éloigner des négociations climatiques internationales, la Chine pourrait renforcer son influence lors des prochaines COP. Cette dynamique pourrait ouvrir la voie à une refonte des règles de la gouvernance climatique mondiale, selon certains experts.