La 29ᵉ Conférence des Parties (COP29), organisée à Bakou, a mis en lumière des désaccords profonds entre les nations sur le financement climatique. Alors que les pays en développement réclament des engagements financiers renforcés, la Chine, malgré son poids économique, refuse toute obligation explicite, créant une fracture majeure avec les nations industrialisées.
Un Contexte de Pression Financière
Les pays en développement, réunis sous l’alliance du G77+Chine, exigent une augmentation significative des contributions financières pour lutter contre le changement climatique. Ces fonds, évalués à 500 milliards de dollars par an, doivent répondre à trois priorités principales :
1. L’atténuation des émissions : investir dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.
2. L’adaptation aux impacts climatiques : construire des infrastructures résilientes et durables.
3. Les pertes et dommages : indemniser les pays touchés par des catastrophes climatiques comme les inondations et les sécheresses.
Cependant, ce chiffre représente un défi majeur pour les nations industrialisées, déjà contraintes par des budgets publics sous pression.
La Position Ambiguë de la Chine
Bien qu’elle fasse partie du G77, la Chine a rejeté le projet d’accord présenté par la présidence azerbaïdjanaise. Xia Yingxian, représentant chinois, a déclaré que le texte imposait des responsabilités « inacceptables ». Pékin maintient qu’en tant que « pays en développement », il ne devrait pas être tenu de contribuer financièrement de manière obligatoire.
Cette posture repose sur deux arguments principaux :
– Responsabilité historique : Les pays industrialisés, responsables des émissions passées, devraient porter la majorité du financement.
– Développement économique : La Chine considère qu’elle a encore besoin de ressources pour poursuivre sa croissance et réduire la pauvreté.
Cependant, des nations comme la France et les États-Unis contestent cette position, soulignant que la Chine est aujourd’hui le principal émetteur de gaz à effet de serre et la deuxième économie mondiale.
Les Tensions Nord-Sud
Cette divergence reflète une fracture croissante entre les pays du Nord et ceux du Sud.
– Pour les pays développés : Ils appellent à une répartition plus équitable des contributions, incluant les grandes économies émergentes comme la Chine et l’Inde.
– Pour les pays en développement : Ils insistent sur l’importance de reconnaître les responsabilités historiques des nations industrialisées dans la crise climatique actuelle.
Actuellement, les flux financiers mondiaux liés au climat restent insuffisants :
– Financement promis : 100 milliards de dollars par an depuis 2009.
– Réalité actuelle : 83 milliards, dont une grande partie sous forme de prêts, selon l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE).
Des Conséquences Économiques et Stratégiques
L’échec des négociations à Bakou pourrait avoir des répercussions majeures :
1. Pour les Pays Vulnérables
Les pays les plus exposés, notamment en Afrique et dans les îles du Pacifique, risquent de voir leurs projets climatiques retardés. Cela accentuerait les inégalités climatiques et économiques mondiales.
2. Pour l’Accord de Paris
Les objectifs de l’Accord de Paris, notamment la limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C, pourraient être remis en question sans financement adéquat.
3. Pour les Investisseurs
Les entreprises et institutions financières peinent à mobiliser des fonds pour des projets bas-carbone dans un contexte de manque de visibilité sur les flux financiers internationaux.
Initiatives Isolées : L’Exemple de la Côte d’Ivoire
Malgré ce blocage, certains pays tentent de prendre les devants. La Côte d’Ivoire a annoncé la création d’un fonds climatique de 500 millions de dollars pour soutenir sa transition énergétique. Cette initiative montre que des nations vulnérables s’organisent pour pallier l’absence de consensus global, bien que leurs capacités financières restent limitées.
Quel Avenir pour les Négociations ?
Plusieurs scénarios sont envisagés pour sortir de l’impasse de la COP29 :
1. Un Compromis Amélioré
Un accord pourrait inclure une augmentation des engagements financiers des pays développés tout en clarifiant le rôle des grandes économies émergentes.
2. Un Échec Durable
Cela aggraverait les tensions géopolitiques et ralentirait les progrès climatiques mondiaux.
3. Des Mesures Techniques
La mise en œuvre partielle de réformes, notamment des banques multilatérales, pourrait limiter les impacts négatifs des désaccords actuels.