L’Australie se présente à la COP29 avec une volonté affirmée d’étendre son rôle dans la lutte contre le changement climatique. Au cours de cette conférence, qui se tient en Azerbaïdjan, l’Australie projette de soutenir des objectifs renforcés pour les Contributions Déterminées au niveau National (CDN) sous l’Accord de Paris, et d’appuyer le financement climatique en faveur des nations en développement. Cette démarche s’inscrit dans une stratégie globale pour positionner le pays en leader climatique au sein de la région Asie-Pacifique.
Dans ce cadre, les dirigeants mondiaux devraient s’engager dans l’établissement d’un nouveau cadre de financement climatique international. Ce dispositif, connu sous le nom de « Nouvel Objectif Quantifié Collectif » (NOQC), est appelé à remplacer l’actuel fonds annuel de 100 milliards de dollars qui prend fin l’année prochaine. Cette évolution du financement climatique est cruciale pour le gouvernement australien, qui place cette question au centre de sa participation à la COP29. D’après Logan Reese, directeur associé de la recherche chez S&P Global Commodity Insights, cette initiative vise à garantir un consensus et une action concertée pour répondre aux besoins des pays vulnérables.
La ministre australienne de l’Énergie, Chris Bowen, est une figure centrale dans cet effort, cherchant à renforcer les engagements financiers, notamment en faveur des petites nations insulaires du Pacifique. En 2022, l’Australie avait annoncé une contribution de 100 millions de dollars pour soutenir la résilience des îles du Pacifique, et il est prévu que ce soutien soit intensifié durant la COP29.
Soutien aux Objectifs Climatiques Post-2030
En parallèle, l’Australie s’attèle à consolider ses objectifs climatiques pour l’après-2030, une position qui attire l’attention sur ses politiques ambitieuses en matière de réduction des émissions. Le pays s’est engagé à diminuer ses émissions de 43 % en dessous des niveaux de 2005 d’ici à 2030 et à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Ces cibles sont inscrites dans la Loi sur le Changement Climatique adoptée en 2022, démontrant la ferme intention australienne de s’aligner sur le scénario des 2 °C établi par l’Accord de Paris.
Par ailleurs, plusieurs politiques internes viennent appuyer cette trajectoire, dont le mécanisme de sauvegarde (Safeguard Mechanism) qui impose aux grandes entreprises de respecter un plafond d’émissions. En outre, l’Australie a fixé un objectif ambitieux visant à porter à 82 % la part des énergies renouvelables dans son réseau électrique d’ici 2030. Selon Matt Lyon, de Climateworks, ces efforts conjugués des autorités fédérales et des gouvernements locaux montrent que l’Australie s’engage résolument à réduire ses émissions globales.
Promotion de l’Hydrogène Vert
Lors de la COP29, l’Australie entend aussi promouvoir son industrie naissante de l’hydrogène renouvelable. Sous l’initiative de l’Action Hydrogène, un projet prioritaire de l’Agenda Action de la COP29, le pays compte développer des chaînes d’approvisionnement adaptées aux marchés asiatiques. Cette ambition vise notamment des pays comme la Chine, le Japon, la Corée et l’Inde, où l’Australie fournit traditionnellement du charbon et du minerai de fer.
Tony Wood, directeur du programme Énergie et Changement Climatique au Grattan Institute, souligne l’importance de ces marchés, où certains acteurs se montrent prêts à payer une prime pour des produits manufacturés de manière durable. L’initiative hydrogène pourrait ainsi soutenir le développement de projets spécifiques prouvant la faisabilité technique de cette transition.
La présidence azerbaïdjanaise de la COP29 a également fait de l’hydrogène bas-carbone un sujet prioritaire, espérant faire émerger un marché mondial pour l’hydrogène et ses dérivés. Actuellement, l’Australie a recensé plus de 150 projets de production d’hydrogène renouvelable avec une capacité estimée à 17 millions de tonnes, selon les données de la base de données des actifs d’hydrogène de Commodity Insights.
Le Marché des Crédits Carbone et la Demande Internationale
L’ouverture potentielle du marché des crédits carbone australiens aux transactions internationales constitue une autre initiative majeure de l’Australie dans le cadre de la COP29. Ce secteur pourrait bénéficier de la demande croissante d’Unités de Crédit Carbone Australien (ACCU), bien que cette augmentation de demande pourrait entraîner une hausse significative de leur prix, rendant ainsi plus coûteux le respect des obligations de réduction d’émissions pour les entreprises australiennes.
Les récentes évaluations de Platts ont estimé le prix des ACCU à 39,65 dollars australiens par tonne de CO2, marquant une hausse notable au cours des derniers mois. Comparativement, le prix des allocations d’émission de l’Union Européenne pour une livraison en décembre se situe à 66,01 euros par tonne de CO2, démontrant une tendance à la hausse des prix mondiaux des crédits carbone, un enjeu clé pour l’Australie alors qu’elle envisage une participation accrue au marché international.