L’accord finalisé lors de la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, le 23 novembre, pose les fondations des échanges internationaux de crédits carbone en vertu de l’Article 6 de l’Accord de Paris. Cet article, souvent perçu comme complexe, régit les mécanismes essentiels pour un marché du carbone plus transparent et fiable, selon les experts.
Le mécanisme introduit par l’Article 6.4, sous l’égide des Nations Unies, fournit un cadre global permettant aux entreprises de générer et échanger des crédits carbone issus de projets de réduction des émissions. Ce système repose sur des méthodologies éprouvées de suivi, de rapport et de vérification (MRV). Mandy Rambharos, directrice générale du registre de carbone Verra, a salué cette avancée comme une étape historique dans la coopération climatique mondiale.
Un pas vers la transparence et la responsabilité
Les négociations ont permis d’affiner les règles autour de l’Article 6.2, qui établit des principes communs de comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre au niveau national. Ce mécanisme autorise les échanges transfrontaliers de crédits, appelés résultats d’atténuation transférés internationalement (ITMO). Les négociateurs ont également défini les processus d’autorisation et de révocation, jugés cruciaux pour maintenir l’intégrité de ce système.
Selon un expert impliqué dans les discussions, la capacité à identifier et résoudre les incohérences sera déterminante pour l’utilisation efficace des crédits carbone. Bien que le cadre établi reste perfectible, il offre une base solide pour renforcer la confiance dans un marché longtemps critiqué pour son opacité.
Défis et opportunités pour les marchés du carbone
La mise en œuvre de ces nouvelles règles intervient dans un contexte difficile pour le marché volontaire du carbone. Ces dernières années, des critiques sur la qualité des projets et une chute des prix des crédits ont affecté la crédibilité du secteur. Toutefois, l’adoption de l’Article 6 suscite des espoirs de renouveau. Les initiatives d’intégrité prévues pourraient attirer davantage d’investissements, notamment dans les pays en développement.
Les prix des crédits carbone, tels que ceux suivis par l’indice Platts Nature-based Avoidance, ont montré des signes de reprise après des creux historiques. Cet indice, qui évalue les crédits émis par des projets tels que REDD+, s’élevait à 4,35 $/tCO2e le 22 novembre, après un minimum de 2,70 $/tCO2e en février.
Des avis partagés sur l’impact futur
Malgré les avancées, certains observateurs restent sceptiques. Carbon Market Watch, une ONG spécialisée dans la politique climatique, a mis en garde contre les risques de dérives. L’organisation estime que les règles adoptées pourraient encourager des pratiques peu rigoureuses à court terme, tout en posant des défis pour une régulation effective.
À l’inverse, des acteurs du marché, comme BeZero Carbon, voient dans cet accord une opportunité de mobiliser des milliards de dollars pour financer la transition énergétique mondiale, avec des retombées positives pour les pays les moins avancés.