La COP26 devra intégrer le nucléaire pour atteindre ses objectifs, la technologie du petit réacteur modulaire (SMR) s’imposant comme solution. C’est ce que démontre un récent rapport du cabinet d’étude Wood Mackenzie sur l’état actuel et l’avenir du nucléaire.
La COP26 ne pourra pas se passer du nucléaire
À l’approche de la COP26, le cabinet Wood Mackenzie publie un rapport sur le rôle du nucléaire dans la transition énergétique. Selon l’étude, la question du nucléaire divise à l’international, entre des pays souhaitant la suppression de cette source d’énergie, et d’autres investissant massivement dans celle-ci. Mais l’enjeu actuel est de répondre à une demande énergétique croissante, tout en réduisant les émissions de carbone.
Un défi complexe, que les énergies renouvelables ne pourront probablement pas assurer. Si l’éolien et le solaire sont voués à un bel avenir, ces sources d’énergies ne pourront pas fournir un approvisionnement sécurisé. En effet, d’autres sources plus flexibles sont essentielles. La COP26 devant trouver des solutions face à l’électrification de plus en plus de secteurs économiques.
Chute des projets nucléaires depuis les années 80
La capacité nucléaire mondiale stagne, avec 366 GW opérationnels actuellement. Entre 2000 et 2020, le taux moyen de construction de nouvelles structures nucléaires a diminué par rapport à la période 1980-2000. Une tendance portée par l’Europe en raison de nombreux facteurs.
D’abord, la catastrophe de la centrale nucléaire Fukushima a repoussé de potentiels investisseurs et durci les mesures de sécurité liées à l’industrie. De fait, des retards de construction et des dépassements de coûts en ont découlé – en Europe notamment. Mais le nucléaire et ses parcs vieillissants sont également confrontés à des problèmes techniques de plus en plus nombreux. Et la concurrence des énergies renouvelables moins coûteuses se fait sentir.
La Chine détiendra 45% de la capacité nucléaire en 2050
A contrario des Européens, certains pays misent sur le nucléaire pour leur transition énergétique, comme la Chine, la Russie ou l’Inde. Même le Canada investit dans cette énergie, estimant cette technologie être une alternative rentable au vu de sa géographie.
La Turquie, le Bangladesh et les Émirats Arabes Unis, eux aussi, poursuivent leurs programmes nucléaires. C’est la société nucléaire publique russe ROSATOM qui domine le marché des réacteurs nucléaires dans le pays et à l’étranger. La firme contribuera à l’augmentation de la capacité nucléaire mondiale estimée par Wood Mackenzie à 88% d’ici à 2050.
Pour l’instant, ce sont plus de 125 GW de capacité nucléaire mondiale en projet, dont la Chine est le principal contributeur. Avec sa volonté d’éliminer le charbon, Pékin investit massivement et devrait même détenir 45% de la capacité mondiale en 2050. Le pays essuie même des baisses de coûts rapides des SMR, accentuant le potentiel du nucléaire.
Les SMR, moins coûteux et plus rapides
Les SMR représentent une technologie prometteuse quant à l’avenir énergétique, grâce à leur conception compacte. Il est possible de les fabriquer et de les assembler sur site, réduisant les délais et les coûts de production.
De plus, les SMR sont plus flexibles que les réacteurs à grande échelle, avec une capacité de 150 à 450 MW. Ils permettraient une réduction des perturbations observées au sein de certaines structures vieillissantes. Aussi, avec cette technologie, la production d’hydrogène – élément essentiel de la transition énergétique – d’origine nucléaire concurrencerait l’hydrogène vert.
Ainsi, pour Wood Mackenzie, si les SMR n’en sont « qu’à leurs balbutiements, leur potentiel est infini ». Le cabinet affirme que les coûts des SMR pourraient descendre sous les 80$/MWh d’ici à 2030. À condition d’un soutien gouvernemental, de l’innovation technologique et des investissements. Car pour l’heure, quelques obstacles au déploiement des SMR persistent.
Quelques freins au développement des SMR
Comme toute technologie, les SMR se heurtent à quelques difficultés. Malgré un coût de production relativement bas, les SMR nécessitent des coûts d’investissement initialement élevé, qui se répercute sur le prix de l’électricité. Également, puisque le nucléaire est soumis à une réglementation ardue, les approbations de nouvelles conceptions peuvent prendre du temps et être coûteuses.
Notons l’incertitude politique qui plane autour du nucléaire, avec des camps politiques largement divisés sur la question. Aussi, la problématique des déchets nucléaires reste à résoudre, avec peu de solutions faciles et peu coûteuse pour l’instant.
Finalement, les SMR, dont une poignée seulement sont exploités, sont concurrencés par d’autres technologies. Notamment les centrales électriques à hydrogène, géothermiques ou équipées de capture et stockage du carbone. Si le nucléaire – avec les SMR en première ligne – jouera sa part dans la transition énergétique, il s’agit d’un pan de la solution.