Les fluctuations des prix pétroliers, amplifiées par des tensions géopolitiques et des pressions économiques, contraignent les membres de l’OPEP+ à intensifier leur coordination. La récente discussion entre Vladimir Poutine, président russe, et Mohammed Shia al-Sudani, Premier ministre irakien, souligne l’importance d’une réponse concertée pour contrer les déséquilibres du marché.
L’OPEP+, représentant 40 % de la production mondiale, doit arbitrer entre maintien des revenus budgétaires pour ses membres et stabilisation des prix dans un contexte de demande incertaine. La Russie, sous pression des sanctions occidentales, et l’Irak, fortement dépendant de ses recettes pétrolières, ont des objectifs communs mais des marges de manœuvre différentes.
Contexte économique et stratégique
La Russie et l’Irak, respectivement deuxième et troisième producteurs au sein de l’OPEP+, jouent un rôle pivot dans les ajustements de production. La Russie, confrontée à une baisse de 20 $ par baril sur ses exportations pour contourner les sanctions, dépend des prix globaux pour compenser ces pertes. Avec 42 % de son budget fédéral issu du pétrole, Moscou ne peut se permettre une chute prolongée des cours.
Pour l’Irak, dont 90 % des recettes publiques proviennent du secteur pétrolier, les enjeux sont tout aussi critiques. Une baisse de 1 $ par baril entraîne une perte annuelle de 1,4 milliard de dollars, limitant ses capacités à répondre à ses obligations budgétaires et sociales. Cette dépendance impose à Bagdad de maintenir sa production à des niveaux compatibles avec ses besoins financiers, tout en soutenant les efforts de réduction de l’OPEP+.
Mécanismes d’ajustement et tensions internes
En 2023, l’OPEP+ a annoncé une réduction cumulative de 3,66 millions de barils par jour pour enrayer la baisse des prix. Cependant, la mise en œuvre de ces quotas reste inégale. Si la Russie a annoncé une réduction de 500 000 barils par jour, ses exportations vers l’Asie ont augmenté, sapant partiellement ses engagements.
L’Irak, avec des coûts de production parmi les plus bas au monde, pourrait techniquement contribuer davantage aux réductions. Toutefois, ses contraintes budgétaires et la pression sociale interne limitent sa flexibilité. La coordination avec Moscou permet ainsi de renforcer la position collective de l’OPEP+, même si des tensions subsistent entre les membres.
Perspectives pour le marché pétrolier
Plusieurs scénarios se dessinent pour l’OPEP+ :
1. Maintien des réductions actuelles : Stabiliserait les prix autour de 85 $ le baril, offrant un répit à la majorité des membres.
2. Réductions supplémentaires : Pousserait les prix au-delà de 100 $ le baril, mais encouragerait la concurrence, notamment le schiste américain.
3. Conflits internes : Une absence de consensus pourrait entraîner une guerre des prix, rappelant le choc de 2020.
Selon les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande pétrolière pourrait atteindre un plateau à 104 millions de barils par jour d’ici 2030. Ce plafond oblige les membres de l’OPEP+ à maximiser leurs revenus à court terme tout en anticipant les impacts de la transition énergétique.