L’avenir de la centrale thermique Emile-Huchet, située à Saint-Avold en Moselle, demeure incertain. Alors que les contrats de travail des 150 salariés arrivent à échéance en avril, les décisions politiques se font attendre. Une situation critique pour un site énergétique stratégique, qui illustre les défis de la transition énergétique en France.
Propriété de GazelEnergie, la centrale fait face à un double défi. Initialement programmée pour fermer en mars 2022 en raison de son rôle de gros émetteur de CO₂, elle avait temporairement repris du service pour pallier les défaillances du parc nucléaire français et répondre aux besoins énergétiques liés à la guerre en Ukraine. Aujourd’hui, la question de sa reconversion en unité fonctionnant au biogaz est au centre des discussions.
Un projet soutenu mais en attente de validation
Le projet de conversion de la centrale est estimé à 100 millions d’euros, une somme que GazelEnergie se dit prête à investir pour transformer l’unité 6 en installation biogaz. Selon le syndicat CFDT de l’usine, cette reconversion permettrait non seulement de décarboner la production d’électricité mais aussi de prolonger la durée de vie du site. Cette initiative bénéficie du soutien des élus régionaux et s’inscrit dans la volonté du gouvernement de fermer les deux dernières centrales à charbon du pays d’ici 2027.
Cependant, malgré les avancées techniques et l’intérêt économique du projet, la décision finale de l’État se fait attendre. « Nous avons déjà sollicité des chaudiéristes et des équipementiers pour évaluer la faisabilité technique. Le projet avance, mais nous avons besoin d’une validation politique rapide », explique Thomas About, délégué CFDT à la centrale.
Une première européenne en question
Si le projet se concrétise, il s’agirait d’une première en Europe, bien que des installations similaires existent déjà aux États-Unis. La conversion au biogaz pourrait servir de modèle pour d’autres infrastructures, tout en contribuant à réduire l’empreinte carbone de la France.
Parallèlement, les négociations sont en cours pour prolonger les contrats des employés, une mesure jugée nécessaire pour assurer la transition sans mettre en péril les emplois. Le syndicat CFDT a également lancé une pétition pour appeler l’État à une prise de décision rapide. Cette initiative a recueilli plus d’un millier de signatures, témoignant de l’urgence ressentie par les salariés.
Les récentes décisions concernant d’autres centrales, comme celle de Cordemais en Loire-Atlantique, où EDF a abandonné son projet de conversion à la biomasse, ajoutent une incertitude supplémentaire. Cette situation pourrait néanmoins accentuer la pression sur le gouvernement pour éviter une issue similaire à Saint-Avold.