Le béton utilisé pour la digue de protection de la future centrale nucléaire EPR2 de Penly, en Seine-Maritime, fait l’objet de questionnements sur sa conformité. Selon Mediapart et Reporterre, des tests commandés par Eiffage, en charge de la construction de cet ouvrage, auraient révélé que la composition du granulat ne répondait pas aux critères réglementaires. Ces informations sont cependant contestées par EDF et Eiffage, qui assurent que le béton respecte les normes en vigueur.
Une conformité défendue par Eiffage et EDF
Eiffage a réagi aux révélations en affirmant que la formulation du béton prévu pour la digue répondait aux spécifications du marché attribué par EDF. L’entreprise de BTP précise que les granulats utilisés, issus des Graves de Mer de Dieppe, ont fait l’objet de plusieurs tests afin de garantir leur adéquation avec les exigences techniques. Des contrôles réalisés par des laboratoires indépendants auraient confirmé la validité de la composition retenue le 5 mars 2025. EDF, de son côté, indique que la phase de mise au point de la formulation du béton et le contrôle des agrégats ont été réalisés avant le démarrage de la production des blocs de la digue.
Les demandes de l’Autorité de sûreté nucléaire
L’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR), qui a inspecté le chantier le 27 février, a adressé sept demandes à EDF concernant la qualité du béton utilisé pour les blocs cubiques rainurés (BCR), élément clé de la digue. L’ASNR a demandé des précisions sur les exigences de qualité appliquées et les justifications sur la maîtrise du risque de dégradation du matériau. Elle souligne que cette digue fait partie des éléments importants pour la protection en matière de sûreté nucléaire (EIP).
EDF affirme que la qualité du béton utilisé pour les BCR est conforme aux spécifications techniques et que la fabrication du béton sur site a débuté le 4 mars 2025. L’énergéticien précise également que le béton des BCR diffère de celui utilisé pour les bâtiments nucléaires, lequel fait l’objet de classifications adaptées aux enjeux de sûreté spécifiques.
Un projet inscrit dans la relance du nucléaire
Les travaux préparatoires de l’EPR2 de Penly avancent selon le calendrier établi, indique EDF. Ce réacteur s’inscrit dans la stratégie de relance du nucléaire annoncée en 2022 par Emmanuel Macron, qui prévoit la construction de six réacteurs EPR2 en France. En plus de Penly, deux réacteurs sont prévus à Gravelines, dans le Nord, et deux autres au Bugey, sur le Rhône. L’entrée en service du premier EPR2 est envisagée entre 2035 et 2037.