Lors d’une manifestation organisée à Tulle, en Corrèze, entre 80 et 100 membres de syndicats agricoles, dont la Confédération paysanne, se sont réunis pour protester contre des projets d’agrivoltaïsme soutenus par la chambre d’agriculture. Cet événement a pris une tournure inattendue après des propos controversés d’un élu local, déclenchant une vive polémique et une plainte officielle.
La manifestation visait à dénoncer des projets portés par la Foncière rurale de la Corrèze, soutenue par le syndicat majoritaire FDSEA (Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles). Les protestataires, installant symboliquement des panneaux photovoltaïques sur un parking, ont critiqué ce qu’ils considèrent comme des « opérations purement spéculatives » entraînant un « accaparement foncier ». Selon eux, ces initiatives mettent en péril les rendements agricoles en transformant des terres fertiles en zones de production énergétique.
Une accusation qui passe mal
Lors d’une session de la chambre d’agriculture, des membres de la Confédération paysanne ont été autorisés à intervenir, mais la situation a dégénéré à leur sortie. Pierre Beysserie, vice-président de la chambre d’agriculture et élu FDSEA, a qualifié leurs actions de « méthodes nazies ». Une déclaration qu’il a ensuite tenté de justifier, affirmant : « Je n’ai pas dit que vous étiez des nazis, mais que vos méthodes le sont. »
Ces propos ont été immédiatement jugés « inadmissibles » par Jean-François Ensergueix, élu du Modef (Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux), qui a accompagné plusieurs représentants de la Confédération paysanne pour déposer plainte au commissariat de Tulle.
Les enjeux de l’agrivoltaïsme
L’agrivoltaïsme, qui combine production agricole et énergétique, est présenté par ses promoteurs comme une solution innovante pour répondre aux enjeux de transition énergétique. Cependant, il suscite des divisions, notamment en Corrèze, où les critiques se concentrent sur son impact foncier et ses effets sur la rentabilité des exploitations agricoles.
La Confédération paysanne soutient que les panneaux photovoltaïques devraient être installés sur des infrastructures déjà existantes, comme des hangars ou des parkings, et non sur des terres cultivables. En revanche, la FDSEA défend ces projets, considérant qu’ils permettent un développement contrôlé et bénéfique pour l’économie locale.
Une affaire révélatrice d’un débat national
Ce conflit reflète une tension plus large entre les objectifs de transition énergétique et la protection des terres agricoles. Les acteurs agricoles dénoncent souvent un manque de concertation et des mécanismes économiques favorisant la spéculation foncière au détriment des agriculteurs.
Dans ce contexte, les propos de Pierre Beysserie ont exacerbé les divisions. Si l’élu a reconnu le caractère « dur » de son intervention, les syndicats opposés à l’agrivoltaïsme y voient une tentative de discréditer leur mobilisation.
La chambre d’agriculture de Corrèze, de son côté, maintient son soutien à la Foncière rurale, qualifiant l’organisme d’outil de maîtrise pour garantir des retombées économiques collectives.