Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye, riche en ressources pétrolières, est confrontée à des défis sans précédent dans son secteur vital de l’énergie. Le ministre libyen du Pétrole et du Gaz, Mohamed Oun, dans une interview avec S&P Global Commodity Insights, a accusé certaines compagnies pétrolières internationales (CPI) d’exploiter la situation sécuritaire précaire et de négliger leurs plans de développement.
Accusations contre les Compagnies Pétrolières Internationales
Ces CPI, ayant promis d’entreprendre des projets spécifiques, ont manifesté un relâchement dans l’exécution de leurs engagements, en particulier concernant l’exploration et les études sismiques. Cette situation a exacerbé les difficultés du secteur pétrolier libyen, qui peine à retrouver sa capacité de production de 1,6 million de barils par jour (b/j), un niveau qu’il n’a pas atteint depuis 2011.
L’été 2022 a vu la production pétrolière chuter à un creux de deux ans de 650 000 b/j, bien qu’elle ait depuis légèrement récupéré. La Libye, exempte des quotas de l’OPEP+, s’efforce de maintenir sa production autour de 1,2 million b/j. Oun souligne que les CPI qui ne respectent pas leurs engagements devraient renoncer à leurs concessions et les céder à d’autres entreprises.
Renégociation des Termes Contractuels par TotalEnergies et ConocoPhillips
Parallèlement, il critique les tentatives des CPI, notamment TotalEnergies et ConocoPhillips, de renégocier les termes contractuels pour augmenter leur part des coûts payés à la National Oil Corporation (NOC) de la Libye. Cette démarche, selon Oun, est d’autant plus surprenante que ces compagnies ont la capacité d’augmenter significativement leur production.
L’Impact de l’Accord Eni-NOC sur la Dynamique Contractuelle
La situation se complique avec l’accord signé entre Eni et la NOC pour développer les Structures offshore A&E, qui, selon Oun, enfreint plusieurs lois en augmentant la part payée par Eni. Cette négociation a ouvert la voie à d’autres CPI pour demander des modifications contractuelles similaires.
En dépit de ces tensions, la Libye prévoit de lancer un nouveau cycle de licences en 2024 pour stimuler l’exploration pétrolière et gazière. Le pays, assis sur les plus grandes réserves de pétrole d’Afrique, vise à augmenter sa production pétrolière à 2 millions b/j dans les trois à cinq prochaines années. En parallèle, la production de gaz, actuellement à environ 2,6 milliards de pieds cubes par jour, pourrait augmenter grâce à l’exploitation de réserves supplémentaires.
La situation pétrolière en Libye est marquée par des défis contractuels et de sécurité. Malgré cela, le pays aspire à revitaliser son industrie pétrolière et gazière, en renforçant les partenariats existants et en attirant de nouveaux investissements.