Le compte à rebours est lancé pour les Européens qui attendent avec impatience le retour de maintenance de Nord Stream prévu le 21 juillet. Cette journée sera déterminante pour le marché.
Avant la maintenance de 10 jours du gazoduc russe, le pipeline fonctionnait à 40% de sa capacité, le 11 juillet. Pour arriver à ce niveau, les flux se sont réduits progressivement.
Le 14 juin, Gazprom signale des problèmes avec les flux de Nord Stream. Cela entraîne un plafonnement des approvisionnements à 100 millions m3/j. À noter, les livraisons sont en baisse alors qu’elles étaient prévues à 167 millions m3/j.
Le 15 juin, une autre turbine à gaz Siemens à Portovaya, cesse de fonctionner. Le débit se limite dorénavant à seulement 67 millions m3/j.
Dès le début de la maintenance, le débit de gaz est à zéro. Rostekhnadzor, le département russe de sûreté nucléaire indique la conformité du temps écoulé entre les périodes de maintenance et les instructions du régulateur.
Maintenance de Nord Stream et Inquiétude des Européens et des marchés
Par ailleurs, les Européens craignent la pression de Moscou sur le gaz notamment la fin des flux. Le comportement de la Russie au cours de l’année écoulée, conforte ces craintes. On peut citer par exemple, la suspension des livraisons à certains acheteurs ou encore de laisser des sites de stockage européens vides.
Outre les inquiétudes, des lanceurs d’alerte comme le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, ont mis en garde, fin juin, du risque de la maintenance du Nord Stream.
En cas d’arrêt total des approvisionnements en gaz russe, l’UE ne serait pas en mesure de remplir ses objectifs de remplissage de stockage. Par conséquent, les marchés européens du gaz seront davantage instables jusqu’à l’hiver prochain.
De plus, la situation actuelle de maintenance du gazoduc entraîne une hausse des prix du gaz en Europe. Les prix se rapprochent des niveaux records de mars après l’invasion russe.
Selon les évaluations de prix de Platts, l’indice TTF évalue, le 18 juillet, le prix du gaz à 156,43 euros/MWh. Cela représente une hausse de 88% depuis la mi-juin, soit la période avant l’annonce des réductions.
Où est la turbine ?
La turbine à gaz envoyée au Canada pour maintenance, est décisive pour la remise en service du Nord Stream.
Dans un article datant du 18 juillet, le quotidien russe, Kommersant, explique un retard de la turbine en raison des sanctions. En maintenance à Montréal, la turbine a transité par avion en Allemagne et se dirige maintenant par voie terrestre vers la Russie.
Kommersant prévoit une arrivée de la turbine à Portovaya, le 24 juillet. Selon ce quotidien, les opérations de remise en service ne pourraient pas commencer avant début août.
De même, Siemens, société en charge de la maintenance, n’a pas communiqué sur l’emplacement actuel de la turbine.
Il est fort probable que la turbine soit un motif de retard pour la reprise des opérations à Nord Stream. Outre la maintenance, la turbine aurait des problèmes techniques, selon Gazprom.
Les scénarios envisageables
Morgan Stanley prévoit que le 21 juillet serait « potentiellement en train de devenir l’événement à risque le plus important/anticipé pour les marchés à risque européens (et peut-être mondiaux) au cours de l’été ».
La banque américaine a déclaré :
« Compte tenu des inquiétudes du marché concernant un flux de gaz inférieur ou nul via Nord Stream, nous nous attendons à une reprise de secours en raison de la réduction des risques d’une interruption encore plus importante de l’approvisionnement en gaz. »
Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (IEA), n’exclut pas non plus la rupture de l’approvisionnement en gaz par la Russie. Ce dernier estime que Moscou pourrait continuer de « trouver des excuses ».
Par ailleurs, la Commission européenne se prépare à un scénario catastrophe, d’après le commissaire européen au budget et à l’administration, Johannes Hahn au Wall Street Journal.
La plupart des analystes s’accordent à dire que le risque de retards dans la maintenance reste plausible. En cas de reprise, les flux devraient être au même niveau qu’avant le début de la maintenance. Dans cette hypothèse, les prix du gaz devraient baisser à court terme par rapport aux niveaux actuels.
Jonathan Stern de l’Oxford Institute for Energy Studies considère que la turbine ne serait pas installée d’ici la fin de cette semaine.
Ce dernier confie à S&P Global Commodity Insights :
« Si tel est le cas, Nord Stream ne démarrera pas – ce qui est le scénario le plus probable s’ils se préparent à installer la turbine – ou démarrera au même niveau qu’avant la maintenance » (…) « Le point crucial viendra vers la fin de la semaine prochaine lorsque la turbine devrait être de retour et installée » (…) « À ce moment-là, Nord Stream devrait être de retour à pleine capacité et si ce n’est pas le cas, cela ajoutera de la crédibilité à ceux qui disent que toute l’histoire de la turbine est un prétexte pour le gouvernement russe et Gazprom qui font pression sur l’approvisionnement en gaz européen. »