La capacité d’exportation dépend d’abord de la disponibilité du combustible alimentant les turbines à gaz et du socle de charge fourni par la centrale aux schistes bitumineux d’Attarat. Le parc renouvelable réduit l’appel au thermique lorsque les profils éoliens et solaires sont favorables, ce qui dégage des volumes exportables sans dégrader la sécurité d’alimentation domestique. La marge ne devient mobilisable qu’après couverture des réserves tournantes et de remplacement exigées par l’opérateur National Electric Power Company (NEPCO). L’exportation est ensuite conditionnée par des accords commerciaux qui hiérarchisent la livraison ferme et la livraison interruptible, ainsi que par des clauses de force majeure.
Corridors physiques et capacités de transit
Le premier corridor est l’interconnexion Jordanie–Syrie en 400 kilovolts, utilisée pour acheminer des flux vers le réseau syrien puis, le cas échéant, vers le Liban. Le second est l’axe Égypte–Jordanie, en courant alternatif haute tension, qui agit comme filet d’équilibrage en pointe et en creux et qui peut soutenir un programme d’export lorsque la molécule gazière est suffisante. Un troisième axe se structure vers l’Irak, via une liaison en haute tension planifiée pour étendre la zone d’échanges à l’est. À plus long terme, une jonction avec l’Arabie saoudite renforcerait la robustesse du schéma régional et l’arbitrage transfrontalier.
Les capacités de transit sont allouées au moyen de mécanismes d’enchères explicites ou d’accords bilatéraux encadrés par des conventions d’exploitation. Les gestionnaires de réseau calculent la capacité disponible après contingence en appliquant les critères N-1 et les limites thermiques de chaque tronçon. La puissance ferme nécessitera des marges plus élevées que la puissance interruptible, qui peut être délestée en cas d’incident ou de contrainte amont. Les pertes de transit sont intégrées aux soldes énergétiques selon des coefficients approuvés et vérifiés par audit métrologique.
Mix de production et profil d’échanges
Le parc à gaz à cycle combiné fournit la flexibilité primaire, avec des rendements qui permettent d’optimiser les coûts variables lorsque la molécule est disponible. La centrale d’Attarat apporte un baseload prévisible, stabilisant la fréquence et libérant de la bande passante pour des exportations programmées. L’éolien et le solaire, majoritairement raccordés en moyenne et haute tension, déplacent la courbe de charge et réduisent l’appel au gaz en milieu de journée et en période venteuse. Les renforcements de postes et de lignes limitent le curtailment, améliorent l’évacuation et accroissent la quantité d’énergie valorisable à l’export.
La planification des échanges s’appuie sur un programme day-ahead, ajusté en infra-journalier pour tenir compte des écarts de production renouvelable et des variations de demande. Les contrats d’export incluent des profils horaires, des minima techniques et des rampes, afin de respecter les contraintes dynamiques des réseaux interconnectés. La réserve secondaire automatique et la réserve tertiaire manuelle sont dimensionnées pour couvrir les aléas de production et de transit. Les déclenchements déclenchent la réduction prioritaire de la livraison interruptible et, en dernier ressort, l’activation de combustibles de secours.
Règlement commercial, conformité et risques
La structure tarifaire comporte trois composantes : coût du combustible et des émissions variables, coût de capacité et coût de transit, auxquels s’ajoutent les services système consommés. Les garanties bancaires et les lettres de crédit sécurisent le risque de paiement, complétées par des clauses de netting pour solder les écarts. Les compteurs principaux et de secours, certifiés et horodatés, établissent les volumes livrés au point frontière, avec recalage sur les télémesures synchrones. Les audits périodiques valident la cohérence des flux physiques, des profils contractuels et des compensations de pertes.
La conformité englobe les régimes de sanctions applicables au transit via la Syrie, ainsi que les licences nationales exigées pour l’export d’électricité. Les contrats prévoient des seuils d’indisponibilité, des pénalités et des fenêtres de maintenance coordonnées pour minimiser l’impact sur les échanges. Les parties définissent des seuils d’alarme et des protocoles de redémarrage pour restaurer le programme en cas d’incident. L’exposition résiduelle se gère par des couvertures combustibles et, le cas échéant, par la diversification des sources gazières et des appuis d’interconnexion.
Horizon opérationnel et conditions de faisabilité
À court terme, la Jordanie peut exporter lorsqu’un excédent clair apparaît après satisfaction de la demande interne et des réserves, et lorsque les corridors sont disponibles sans congestion critique. L’interconnexion avec l’Égypte fournit une soupape d’équilibrage, à condition que les deux systèmes disposent de marges simultanées. Le transit via la Syrie exige un réseau en état et des conventions opérationnelles actives avec comptage aux postes frontière. La faisabilité opérationnelle augmente sensiblement lorsque la molécule gazière est abondante et que les renforcements de réseau réduisent les goulots d’évacuation.
À moyen terme, l’extension des interconnexions et la montée en puissance des renforcements internes accroissent la puissance ferme exportable et réduisent la dépendance aux volumes interruptibles. La standardisation des règles de compensation et la mise à niveau des systèmes de supervision améliorent la prévisibilité des soldes. La combinaison d’un baseload stable, d’un gaz disponible et d’un renouvelable mieux intégré crée une plate-forme d’export plus régulière. Les décisions d’investissement dans les liaisons et les postes conditionnent la profondeur et la continuité des échanges régionaux.