Le groupe pétrolier franco-britannique Perenco se retrouve sous le feu des projecteurs en Colombie après la saisie de deux de ses bureaux à Bogotá, ordonnée par le parquet du pays. Selon un tribunal spécial, la société est accusée d’avoir financé entre 1997 et 2005 les Autodéfenses unies de Colombie (AUC), un groupe paramilitaire désormais dissous. Le financement aurait inclus de l’argent, du carburant, de la nourriture et des moyens de transport, en échange de services de sécurité pour les sites pétroliers dans le nord-est du pays.
Accusations de financement des AUC
La saisie des biens, d’une valeur estimée à 10 millions de dollars (USD), sera utilisée pour alimenter un fonds de réparation destiné à indemniser les victimes de la violence paramilitaire, comme l’a annoncé le ministère public. Ce fonds a été créé après la démobilisation de près de 30 000 combattants paramilitaires en 2006, un processus mené sous le gouvernement d’Alvaro Uribe, dont l’objectif était de réduire l’influence de ces groupes armés dans le pays.
Réaction de Perenco et précédents judiciaires
Perenco, qui opère en Colombie depuis 1993, a vigoureusement nié ces accusations. Dans un communiqué, la société a souligné qu’elle n’avait jamais entretenu de lien avec des groupes illégaux et a dénoncé la saisie de ses biens, soulignant qu’elle n’avait pas été officiellement inculpée et n’avait pas eu l’opportunité de se défendre dans le cadre d’une procédure judiciaire. Le groupe a par ailleurs réaffirmé son engagement à respecter les droits humains dans le cadre de ses opérations.
Le tribunal de paix de Bogotá, créé après la démobilisation des AUC, a ordonné les perquisitions. Ce même tribunal a permis à environ 30 000 anciens paramilitaires de bénéficier d’une réduction de peine en échange de leur désarmement et de la confession de leurs crimes, bien que des accusations subsistent à l’encontre de plusieurs multinationales ayant prétendument financé ces groupes.
Précédents judiciaires en Colombie
Perenco n’est pas le seul groupe international accusé d’avoir soutenu des groupes paramilitaires en Colombie. En juin 2024, le groupe américain Chiquita Brands a été reconnu responsable de financements destinés aux AUC dans la région d’Urabá. De plus, depuis 2023, deux dirigeants de la compagnie minière américaine Drummond sont jugés pour leurs liens présumés avec ce même groupe paramilitaire dans le département de César.
La Colombie, en proie à un conflit armé interne depuis plus de six décennies, continue de faire face aux conséquences de ce passé violent, un conflit qui a fait plus de 1,1 million de morts, 200 000 disparus et près de 9 millions de déplacés.