Malgré les dommages causés au climat, la planète compte encore des projets de construction ou d’extension de centrales électriques au charbon dans 34 pays différents, surtout en Chine, dénonce le rapport annuel du Global Energy Monitor publié mardi.
Au total, le monde, qui compte plus de 2 400 centrales à charbon dans 79 pays, pour un total de près de 2 100 GW de capacité de production. La capacité de production électrique via le charbon devrait augmenter de 457 GW, indique le rapport. Néanmoins, il salue la tendance globale au ralentissement des implantations, mis-à-part l’an passé.
Selon le rapport du groupe de réflexion, il ne reste plus que 170 centrales en opération qui ne sont pas concernées par une date d’arrêt progressif. Cela représente 89 GW, soit 5 % de la flotte. Le groupe est d’ailleurs accompagné de huit autres organisations environnementales internationales : Sierra Club aux Etats-Unis, Kiko au Japon, Can Europe en Europe, Life en Inde, BWGED au Bangladesh, ainsi que Crea, E3G et SFOC.
En 2021, la flotte de centrales au charbon en opération dans le monde a encore augmenté de 18,2 GW. Selon le rapport, ce rebond est lié au COVID. La Chine « a continué d’être l’exception criante au déclin actuel des centrales en développement », pointent les auteurs.
L’an passé, plus de la moitié (56%) des 45 GW unités de production mises en service se trouvaient en Chine (25,2 GW). Pour le reste, l’Inde compte pour 14%, et 11% pour l’Indonésie, le Vietnam et le Cambodge.
Et, à elle seule, la Chine compte quasiment autant de projets d’ouvertures (pour un total de 25,2 GW de capacité) que le reste de la planète compte de projets de fermetures (25,6 GW).
Incertitudes sur les financements chinois à l’étranger
Le rapport dénonce « la reprise des permis de construire » de centrales au charbon en Chine début 2022. La « réécriture de la politique énergétique du pays » permet cette reprise. Elle fait suite aux pénuries et au rationnement de l’électricité dans plus de la moitié des provinces fin 2021.
Dans le reste du monde, l’appel lancé à Glasgow lors de la conférence onusienne sur le climat, COP26, par le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres, à abandonner la construction de nouvelles centrales à charbon pour freiner le réchauffement de la planète, a « créé une impression de dynamique ». En tout, 65 pays se sont engagés à ne plus construire, soit 36 de plus qu’en janvier 2021.
Au sein de l’OCDE, 86% des pays n’ont actuellement plus aucun nouveau projet de charbon en cours. Six pays continuent néanmoins formellement d’envisager de nouveaux projets : Etats-Unis, Australie, Pologne, Mexique, Japon et Turquie. Cependant, beaucoup d’entre eux « n’ont aucune chance de voir le jour », selon les auteurs.
Par exemple, le projet soutenu pas Donald Trump aux États-Unis ne devrait vraisemblablement pas arriver à son terme. « Étant donné la politique climatique européenne », la centrale polonaise de Leczna ne devrait pas voir le jour.
En Afrique, où doit se tenir la prochaine conférence internationale sur le climat (COP27 prévue en Egypte, NDLR), 12 pays ont encore des projets liés au charbon, trois de moins qu’en 2021 (Côte d’Ivoire, Maroc et Djibouti).
Le rapport souligne que l’engagement du président chinois Xi Jinping lors de l’assemblée générale des Nations unies en septembre 2021 de ne plus financer de construction de centrales à charbon hors de Chine « rend beaucoup de projets africains caducs », la Chine étant le principal soutien financier des nouvelles centrales sur ce continent.
Mais les auteurs s’inquiètent de voir Pékin mener à bien les contrats déjà signés. Ils écrivent : « A ce jour, il est peu clair de savoir si la Chine coupera le cordon pour les 56 centrales en projet que ses banques publiques et compagnies privées envisagent de financer ».