L’émissaire américain pour le climat, John Podesta, se trouve en Chine cette semaine pour des entretiens avec son homologue Liu Zhenmin. Cette réunion, axée sur la coopération climatique, intervient dans un contexte de tensions entre les deux plus grandes puissances économiques, qui restent les principaux émetteurs de gaz à effet de serre au niveau mondial. Les discussions visent à clarifier les approches respectives des deux pays en matière de réduction des émissions et à explorer des pistes de coopération avant la COP29, prévue en novembre en Azerbaïdjan.
La coopération climatique demeure l’un des rares domaines de dialogue possible entre Washington et Pékin, malgré les différends sur les questions commerciales, la sécurité régionale, ou encore la situation de Taïwan. La visite de Podesta fait suite à des échanges en mai dernier à Washington et s’inscrit dans la continuité des efforts pour trouver des terrains d’entente sur des questions critiques liées à la transition énergétique.
Points de friction sur le méthane et les objectifs de réduction
Les États-Unis et l’Union européenne ont signé un engagement global visant à réduire les émissions de méthane de 30 % d’ici 2030, une initiative à laquelle la Chine n’a pas adhéré. Le méthane, gaz à effet de serre puissant, est largement produit par l’extraction de pétrole et de gaz, ainsi que par l’agriculture. La position de Pékin reste prudente sur cet engagement, préférant se concentrer sur ses propres stratégies de gestion de l’énergie et sur des investissements dans des technologies moins polluantes.
Malgré cette divergence, les discussions bilatérales visent à harmoniser certaines mesures pour réduire les émissions, en tenant compte des besoins économiques et industriels spécifiques à chaque pays. La Chine a fixé un objectif de neutralité carbone pour 2060, et cherche à atteindre un pic de ses émissions d’ici 2030, tout en développant des capacités accrues en énergies renouvelables et en nucléaire. Ce développement a permis de porter la part des énergies bas-carbone à 26,4 % de la consommation énergétique du pays.
Enjeux de la COP29 et répartition des responsabilités
La COP29, qui se tiendra à Bakou, Azerbaïdjan, représente un moment clé pour la communauté internationale en matière de politique climatique. Les pays développés font pression pour que d’autres grands émetteurs, dont la Chine et l’Arabie saoudite, contribuent financièrement aux efforts climatiques mondiaux. L’enjeu central réside dans la répartition des contributions financières et des responsabilités dans la lutte contre les effets du réchauffement.
Les États-Unis, en tant qu’acteur clé des négociations climatiques, cherchent à maintenir la pression sur les autres grandes économies pour qu’elles adoptent des mesures plus ambitieuses. Le dialogue avec la Chine cette semaine pourrait déterminer les engagements que les deux pays sont prêts à prendre lors de la COP29, influençant ainsi les discussions sur le financement climatique global.
Vers une coopération pragmatique malgré les tensions
Malgré les tensions bilatérales, la nécessité d’une coopération pragmatique entre les deux géants est mise en avant. La Chine, avec son rôle central dans la production industrielle mondiale, et les États-Unis, avec leurs capacités d’innovation et d’investissement, peuvent jouer un rôle déterminant dans la transition énergétique mondiale. Les experts du secteur surveillent de près cette rencontre, considérant que les résultats des discussions pourraient influencer les stratégies d’investissement et de développement des entreprises du secteur énergétique.
Les initiatives prises par les deux pays ont des implications directes pour les marchés de l’énergie, les politiques industrielles, et les régulations environnementales. Dans ce contexte, la réunion à Pékin est perçue comme un indicateur des dynamiques à venir dans les relations sino-américaines en matière de politique énergétique.