La fin du régime de Bachar al-Assad, soutenu par la Russie et l’Iran, constitue un revers majeur pour ces alliés géopolitiques. Le groupe rebelle Hayat Tahrir al-Sham, à l’origine de la victoire, a pris une place centrale dans un pays où les infrastructures pétrolières sont largement détruites. Cette évolution soulève de nombreuses interrogations sur l’avenir de la Syrie, bien que l’impact direct sur le marché énergétique mondial semble négligeable.
Avant le début de la guerre civile en 2011, la Syrie produisait environ 380 000 barils par jour (b/j) de pétrole. Cependant, le conflit a réduit la production à une fraction de ce niveau. En 2015, sous le contrôle de l’État islamique (EI), la production était tombée à environ 40 000 b/j. Depuis la défaite de l’EI, la majorité des champs pétrolifères sont passés sous la domination des forces kurdes et des Forces démocratiques syriennes (FDS), mais la production actuelle ne dépasse pas 30 000 b/j.
Un rôle décroissant dans l’économie énergétique mondiale
Malgré son potentiel énergétique, la Syrie ne joue plus un rôle significatif sur le marché mondial. Depuis 2019, aucune exportation de pétrole n’a été signalée, et le pays dépend presque entièrement de ses alliés pour ses besoins en énergie. L’Iran, principal fournisseur, a livré 121 000 b/j en novembre 2023, comblant une partie des besoins locaux en produits raffinés, principalement en diesel et en essence.
Les infrastructures pétrolières, concentrées à l’est, restent largement non opérationnelles. Les raffineries de Homs et Banias fonctionnent à une capacité limitée, bien en deçà des besoins nationaux. Par conséquent, la demande intérieure, estimée à 100 000 b/j, est principalement satisfaite par des importations, soulignant la dépendance croissante du pays vis-à-vis de ses partenaires stratégiques.
Conséquences géopolitiques et économiques
La chute du régime Assad pourrait reconfigurer les alliances régionales, mais les analystes prévoient peu de perturbations sur les marchés pétroliers internationaux. Christof Rühl, chercheur au Center on Global Energy Policy de l’Université Columbia, a déclaré qu’aucun effet significatif sur les prix du pétrole n’est attendu, les principaux acteurs du marché ayant quitté la Syrie depuis des années. De même, l’analyste Mike Muller, de Vitol, souligne que les conflits dans la région, bien qu’importants sur le plan humain et politique, n’ont eu qu’un impact limité sur les approvisionnements mondiaux.
En décembre 2023, le baril de Brent daté était évalué à 72,74 dollars, marquant une légère baisse. Cette tendance reflète davantage les préoccupations liées à la demande mondiale qu’aux événements en Syrie, qui restent périphériques au marché pétrolier global.