Toutes les grandes entreprises pétro-gazières, y compris ExxonMobil et BP, ont subi des pertes après une année 2022 exceptionnelle. Les bénéfices de ces compagnies ont littéralement fondu au premier semestre en raison d’une accalmie sur les cours des hydrocarbures. Malgré cette situation, elles demeurent toujours très profitables.
Chute significative des bénéfices des majors pétro-gazières au premier semestre 2023
BP a publié un bénéfice de 1,8 milliard de dollars, divisé par 5 sur un an au 2e trimestre. Avant lui, ExxonMobil a vu son bénéfice chuter de 56% à 7,9 milliards de dollars. Chevron a également perdu près de la moitié de ses gains, atteignant 6 milliards de dollars. Du côté de Shell, on enregistre une chute de 64%, à 3,1 milliards de dollars.
TotalEnergies : Une résistance relative face à la baisse des gains
Le français TotalEnergies, a un peu mieux résisté avec un gain de 4,1 milliards dollars, en baisse de 28%. Toutes ces entreprises ont pâti des « fluctuations des prix du pétrole, du gaz et des produits raffinés », et de marges de raffinage rognées, comme l’a résumé BP mardi. En 2022, les cinq majors occidentales avaient engrangé ensemble 151 milliards de dollars de bénéfices, grâce non seulement à l’envolée des hydrocarbures liée à la reprise de la demande post-covid, mais encore plus à l’invasion russe de l’Ukraine et à l’assèchement des pipelines de Moscou.
« 2022 était clairement une année exceptionnelle », « pas normative », rappelle à l’AFP Moez Ajmi, analyste chez EY.
Perspectives prometteuses pour 2023 malgré la réduction des cours du pétrole et du gaz
Un an plus tard, les cours du pétrole et surtout du gaz ont reflué, rabotant les profits flamboyants des géants du secteur. Le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne pour le gaz, oscillait entre 25 et 55 euros le mégawattheure (MWh) ces trois derniers mois, alors qu’il avait frôlé les 350 euros en mars 2022, juste après le début de la guerre en Ukraine. Le baril de pétrole Brent de la mer du Nord s’est vendu en moyenne à 78,1 dollars au deuxième trimestre, loin des presque 114 dollars de moyenne à la même époque de 2022.
Mais malgré leurs résultats en recul, les majors restent « très profitables, la preuve: cette politique toujours tournée vers le retour à l’actionnariat en augmentant les dividendes, la hausse des investissements par rapport à l’année dernière, et l’amélioration des ratios d’endettement », relève l’analyste d’EY Shell a ainsi annoncé des acomptes sur dividendes en hausse de 24% et les programmes de rachats d’action des majors ont été « importants », selon ses calculs.
Des prix du pétrole et du gaz encore soutenus en vue d’une « excellente année 2023 »
Tout indique que les majors se dirigent vers une « excellente année 2023 », certes d’intensité « moindre », grâce à des « niveaux de prix » soutenus, d’après M. Ajmi. « Les prix du pétrole seront élevés, bien au-dessus de 80 dollars, car les perspectives économiques semblent meilleures », souligne Adi Imsirovic, directeur du cabinet Surrey Clean Energy.
Une tendance aussi soutenue par la volonté de l’Arabie saoudite et la Russie de réduire leurs volumes.
Du côté du gaz, « le marché s’est quelque peu stabilisé », « les stockages européens (…) sont assez pleins et en l’absence d’un hiver exceptionnellement rigoureux, les prix devraient rester modérés », ajoute cet expert du secteur pétrolier.
Défis environnementaux face aux projets d’exploration pétro-gazière en mer du Nord
Mais un hiver très froid et le retour de la demande chinoise pourraient « rapidement faire grimper les prix ». Le gaz, sous sa forme liquéfiée, restera durablement l’une des priorités pour le secteur. Le secteur considère le GNL comme une énergie de transition moins émettrice de gaz à effet de serre. A rebours des efforts nécessaires pour contenir le réchauffement climatique à 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, l’objectif de référence des accords de Paris, le gouvernement britannique a d’ailleurs promis lundi des « centaines » de nouvelles licences d’exploration et exploitation pétro-gazières en mer du Nord, provoquant un tollé parmi les associations.
La distribution de ces autorisations « ne fera rien pour améliorer notre sécurité énergétique », sinon de permettre à « des entreprises comme BP et Shell de récolter encore plus d’argent pour leurs actionnaires », a critiqué mardi Charlie Kronick, conseiller de Greenpeace UK. Shell et BP avaient annoncé plus tôt cette année une révision en baisse de certains de leurs objectifs en matière de transition énergétique.