Après plusieurs trimestres marqués par une rentabilité solide, le groupe énergétique italien Eni enregistre une chute de son bénéfice net de 73 % au troisième trimestre 2024. Le bénéfice trimestriel, affichant un montant de 522 millions d’euros, se situe bien en deçà des prévisions initiales des analystes du fournisseur d’informations financières Factset, qui avaient anticipé un bénéfice de 1,08 milliard d’euros pour la période. La baisse des cours du pétrole, influencée par les tensions géopolitiques et les fluctuations des marchés mondiaux, est un facteur déterminant de cette performance financière revue à la baisse.
La baisse de rentabilité s’observe également dans les résultats annuels. Sur les neuf premiers mois de l’année, le bénéfice net d’Eni a été réduit de moitié, s’établissant à 2,39 milliards d’euros. Cette réduction traduit une pression accrue sur les marges du groupe, malgré une augmentation de 2 % de sa production d’hydrocarbures au troisième trimestre, atteignant une production journalière de 1,66 million de barils.
Révision à la baisse des prévisions annuelles
Face à cette situation, Eni a revu ses prévisions pour son bénéfice opérationnel ajusté (Ebit) pro forma, un indicateur clé de performance. Désormais, le groupe estime cet indicateur à 14 milliards d’euros pour 2024, contre une précédente estimation de 15 milliards d’euros. Cette révision intervient dans un contexte où le groupe anticipe un prix du baril de Brent autour de 83 dollars pour l’année, contre une prévision initiale de 86 dollars.
L’Ebit ajusté pro forma pour les neuf premiers mois de l’année a également enregistré une baisse de 17 %, atteignant 11,6 milliards d’euros. Cette baisse reflète les effets conjugués de la réduction des cours du pétrole et d’un environnement de marché moins favorable.
Une stratégie d’investissement malgré les difficultés
Malgré les défis posés par la conjoncture, Eni continue de mettre en œuvre des initiatives pour renforcer sa structure financière et maintenir l’intérêt de ses investisseurs. Le groupe a annoncé une augmentation de son programme de rachat d’actions, passant de 1,6 milliard d’euros prévu initialement à 2 milliards d’euros pour l’année en cours. Cette décision est soutenue par un programme de cessions d’actifs visant à générer 8 milliards d’euros d’ici 2027.
En parallèle, Eni poursuit sa stratégie de « satellisation » de certaines de ses activités. Jeudi dernier, le groupe a signé un accord avec le fonds d’investissement américain KKR pour la cession de 25 % de sa filiale Enilive, spécialisée dans le bioraffinage, pour un montant de 2,9 milliards d’euros. Cette transaction valorise la filiale Enilive à 11,75 milliards d’euros. Selon Claudio Descalzi, directeur général d’Eni, cette cession vise à renforcer la stabilité financière de la filiale et à attirer des investisseurs intéressés par des entités spécialisées et autonomes.
Investissement dans la transition énergétique
Dans le cadre de sa stratégie de transformation, Eni a également annoncé un investissement de 2 milliards d’euros sur cinq ans dans sa filiale chimique Versalis. L’objectif de cet investissement est double : réduire les émissions de CO₂ de la filiale tout en redressant ses performances financières. Versalis a subi des pertes financières importantes au cours des dernières années, atteignant près de 7 milliards d’euros en trésorerie, dont 3 milliards pour les cinq dernières années.
Cet engagement s’inscrit dans la volonté d’Eni de diversifier ses activités et de se tourner vers des solutions plus durables, notamment à travers des investissements dans des technologies visant à réduire l’empreinte carbone de ses opérations. Claudio Descalzi a souligné que cette transformation est essentielle pour assurer la pérennité et la résilience du groupe face aux évolutions du marché énergétique.