La Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, revoit sa stratégie climatique pour adopter une approche basée sur un plafonnement total des émissions d’ici à 2030. Selon Liu Zhenmin, envoyé spécial pour le climat, cette initiative représente un tournant majeur, remplaçant le contrôle de l’intensité carbone par une politique de plafonnement absolu.
Actuellement, la Chine régule les émissions en fixant des limites par unité de production, permettant ainsi une augmentation des émissions totales en cas de croissance industrielle. En instaurant un plafond global, le pays pourrait transformer son système national de quotas d’émission en un véritable mécanisme de « cap-and-trade », aligné sur les normes internationales.
Des objectifs climatiques renforcés pour 2025
La mise à jour des contributions déterminées au niveau national (NDCs) est prévue pour 2025, avec des cibles ambitieuses couvrant tous les secteurs économiques et types de gaz à effet de serre. Liu a confirmé que ces engagements incluront une transition énergétique profonde, malgré la dépendance actuelle du système énergétique chinois aux combustibles fossiles.
Cependant, la Chine reste critique à l’égard des résultats du 29ᵉ sommet de la Conférence des parties (COP29). La définition d’un nouvel objectif collectif quantifié (NCQG) pour le financement climatique mondial a suscité une large déception parmi les pays en développement. Selon Liu, les engagements financiers des pays développés restent flous, rendant difficile le financement de projets nécessitant des fonds publics, comme l’adaptation au changement climatique.
Le rôle du financement climatique
Deux mécanismes sont envisagés pour le financement climatique : la provision directe par les pays développés et la mobilisation de capitaux privés. Toutefois, le manque de rendements rapides et directs des projets d’adaptation limite l’intérêt du secteur privé. Liu a insisté sur la priorité de l’approche basée sur la provision, particulièrement cruciale pour les pays en développement.
Face aux pressions visant à redéfinir les catégories des pays en développement en fonction de leur revenu, la Chine a réaffirmé son rôle tout en soulignant ses propres défis énergétiques. Avec plus de 50 % de la capacité mondiale d’énergie renouvelable, son système reste dominé par les énergies fossiles, nécessitant d’importants investissements pour une transition complète.
Collaboration sino-américaine dans un contexte incertain
Le maintien de la coopération sino-américaine en matière de climat demeure une question clé, particulièrement dans le contexte des incertitudes liées à l’administration américaine. Liu a exprimé un optimisme prudent quant à la continuité des collaborations bilatérales, même en cas de retrait des États-Unis des engagements climatiques internationaux.
Des représentants du Département de l’Énergie des États-Unis ont également exprimé leur volonté de poursuivre des projets communs dans des secteurs tels que la géothermie, l’efficacité énergétique et le captage et stockage du carbone (CCUS). Cette coopération pourrait se poursuivre malgré des éventuelles divergences politiques au niveau fédéral.
En dépit des attentes croissantes concernant le rôle de la Chine comme leader climatique, Liu a mis en garde contre une narrative occidentale exagérant ses responsabilités. Il a souligné que le manque de confiance mutuelle entre le Nord et le Sud global constitue un obstacle majeur aux progrès climatiques, dépassant les simples considérations financières.