Le marché du carbone en Chine fait face à des défis de coordination entre différents organismes gouvernementaux, notamment concernant la double certification de certains projets. Zhang Xin, économiste en chef au National Center for Climate Change Strategy and International Cooperation (NCSC), a récemment souligné l’importance de résoudre ces problèmes pour maintenir l’intégrité du marché du China Certified Emission Reduction (CCER) et les investissements chinois en matière d’énergie renouvelable.
Problèmes de Double Certification
Les développeurs de projets solaires thermiques et éoliens offshore peuvent actuellement obtenir des crédits carbone du marché CCER tout en recevant des certificats d’énergie renouvelable (GEC) du marché national des certificats verts. Cette situation permet aux développeurs de faire des réclamations doubles pour des incitations économiques, soulevant des préoccupations sur l’intégrité du marché. Les participants aux marchés GEC et CCER ainsi que des organisations internationales ont exprimé des préoccupations similaires. Toutefois, c’est la première fois qu’un responsable gouvernemental chinois met explicitement en lumière ce problème et appelle à une coordination pour le résoudre.
Importance de l’Intégrité du Marché CCER
Zhang a insisté sur le fait que l’intégrité du marché CCER est cruciale pour la participation de la Chine à la tarification mondiale du carbone. Lors de la COP28, certains responsables de l’Union Européenne ont suggéré que les politiques chinoises en matière de carbone comportaient encore des failles. Pour être certifiées en tant que CCER, les réductions d’émissions doivent être « additionnelles », c’est-à-dire que ces réductions ne peuvent être réalisées qu’avec l’incitation fournie par le marché du carbone. La résolution de ce problème est également cruciale pour que les CCER répondent aux exigences du Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation (CORSIA), un régime de régulation des émissions sous l’égide de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).
Intégration des Marchés CCER et GEC
Ce problème de double réclamation a également déclenché des préoccupations d’intégrité dans les marchés internationaux des certificats d’énergie renouvelable. Par exemple, RE100, un groupe industriel regroupant plus de 400 entreprises visant à utiliser 100 % d’électricité renouvelable d’ici 2050, a demandé à ses membres utilisant des GEC de soumettre des preuves supplémentaires que les projets derrière les GEC ne demanderont pas de certifications CCER. Zhang a également appelé la National Energy Administration (NEA) à améliorer son propre système GEC. Tout projet renouvelable participant au marché CCER devrait être gelé puis annulé de la plateforme GEC de la NEA.
Vers une Coordination Renforcée
Pour garantir que tous les marchés environnementaux en Chine fonctionnent de manière sérieuse et équitable, il est nécessaire que le marché du carbone, le marché des GEC et le marché de l’électricité connectent leurs bases de données et permettent un partage d’informations transparent. Les crédits carbone éligibles à CORSIA étaient évalués à 11,75 $/mtCO2e au 4 juin, tandis que le prix du CCER était de 96 Yuan/mtCO2e (13,25 $/mtCO2e), selon les données de Beijing Green Exchange. L’intégrité du marché CCER est cruciale pour la crédibilité de la Chine sur la scène mondiale de la tarification du carbone. Une meilleure coordination entre les organismes gouvernementaux et la mise en place de mécanismes transparents sont essentielles pour garantir l’efficacité et la fiabilité des marchés environnementaux chinois.