L’année 2025 marquera une étape décisive dans le développement des marchés du carbone en Chine, avec l’extension de son Système d’Échange de Quotas d’Émission (ETS) aux secteurs de l’acier, du ciment et de l’aluminium. En parallèle, le marché volontaire China Certified Emission Reduction (CCER) s’apprête à relancer l’émission de crédits carbone, après une pause réglementaire de six ans.
Ces initiatives interviennent dans un contexte où la Chine s’efforce d’améliorer l’efficacité de ses politiques climatiques et de renforcer ses engagements internationaux.
Une Transition Stratégique vers le Cap-and-Trade
Depuis son lancement en 2021, l’ETS national de la Chine se concentre exclusivement sur le secteur de l’électricité. Cependant, en 2025, ce système s’étendra à trois secteurs clés : l’acier, le ciment et l’aluminium. Ces secteurs, critiques pour l’économie chinoise, font face à des défis structurels, tels qu’une surcapacité chronique et des marges bénéficiaires réduites.
Les autorités chinoises, conscientes de ces difficultés, ont annoncé des mesures pour minimiser l’impact financier de cette transition. La première période de conformité, qui se terminera en décembre 2025, sera principalement dédiée à la formation des entreprises sur la gestion des actifs carbone, la déclaration des émissions et les mécanismes de trading.
Réponses aux Pressions Internationales
L’expansion de l’ETS chinois est également motivée par des pressions extérieures, notamment le Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (CBAM) de l’Union européenne, prévu pour 2026. En intégrant ces secteurs dans l’ETS, la Chine espère atténuer les coûts liés à l’exportation vers l’UE.
Toutefois, des experts mettent en garde contre le risque que ce système représente une charge supplémentaire pour les entreprises déjà fragilisées. Ces inquiétudes pourraient influencer les autorités à maintenir des prix du carbone relativement bas dans les premières années.
Nouvelles Méthodologies et Marchés Volontaires
Le marché volontaire chinois, le CCER, sera revitalisé en 2025 avec le déploiement des premières méthodologies de créditage depuis 2017. Les crédits issus de ces méthodologies, connus sous le nom de CCER 2.0, devraient dynamiser l’offre domestique, bien que celle-ci reste insuffisante pour répondre à la demande croissante.
Par ailleurs, la Chine envisage de s’impliquer davantage dans les marchés internationaux via l’Article 6 de l’Accord de Paris. Ce mécanisme pourrait permettre aux entreprises chinoises d’acquérir des crédits carbone étrangers pour compenser leurs émissions et atteindre leurs objectifs climatiques.
Des Perspectives à Long Terme
Si 2025 marque un tournant pour les marchés du carbone en Chine, les experts s’accordent à dire que les effets les plus significatifs ne se feront sentir qu’à partir de 2030. En attendant, ces initiatives constituent des étapes cruciales pour une transition vers un système de cap-and-trade hybride, combinant plafonds d’intensité et plafonds absolus.
Les politiques climatiques chinoises, soutenues par ces réformes, pourraient également envoyer des signaux positifs aux marchés internationaux, favorisant une coopération renforcée et une intégration accrue dans les mécanismes mondiaux de réduction des émissions.