La Chine a vu sa croissance économique ralentir fortement suite à la résurgence du coronavirus. La baisse d’importations chinoises de pétrole brut à largement affecté le marché mondial.
En Chine, la croissance ralentit à cause du coronavirus
Alors que la Chine rapporte 125 nouveaux cas de Covid-19, les exportations chinoises subissent un important ralentissement inattendu. Les importations ont, elles aussi, été plus faibles que prévu. Wall Street, qui prédisait auparavant une croissance économique forte pour la Chine, a donc revu ses prévisions à la baisse.
Baisse sèche du pétrole face aux niveaux de 2020
Les importations de pétrole brut de la Chine sont largement touchées par ces fluctuations. Le mois de juillet 2021 est le quatrième mois consécutif où elles ont été inférieures à 10 millions de barils par jour (bpj). Cette baisse est d’autant plus sèche quand on la compare aux niveaux records de juin 2020. Le prix d’achat, favorisé par le krach boursier provoqué par la pandémie, avait causé un bond des importations entre mai et novembre 2020.
À cette époque, les importations ont atteint le niveau record de 12,94 millions de bpj en juin 2020. Cependant, à l’exception d’un bref pic en mars de cette année, les achats de brut ont diminué en 2021. Les importations de brut de janvier à juillet 2021 sont inférieures de 5,6% à celles de 2020, pour la même période.
Exception du charbon à la tendance
Les importations de gaz naturel ont également diminué en juillet 2021, passant de 10,21 à 9,34 millions de tonnes en un mois. Toutefois, cette baisse est plus probablement liée à la rareté des cargaisons disponibles de GNL au comptant. La demande s’était en effet envolée dans toute l’Asie pour répondre à la hausse de consommation d’électricité causée par la canicule.
Parmi les métaux, les importations de minerai de fer et de cuivre ont diminué pour le quatrième mois consécutif. Les importations des sept premiers mois sont désormais inférieures de 1,5% à celles de la même période de l’année dernière. Les restrictions officielles de la production d’acier semblent finalement se répercuter sur la demande de minerai de fer.
En outre, une modification des règles d’importation pèse sur les importations de cuivre raffiné. Comme il s’agit d’un changement structurel, il pourrait continuer à avoir un impact dans les mois à venir.
Le charbon semble faire seule exception à la tendance. Cependant, sur les sept premiers mois de 2021, les importations de charbon sont en baisse de 15% par rapport à 2020. La forte augmentation des importations de juillet 2021 est davantage due aux politiques nationales chinoise, qui ont limité la production locale.
Le marché pétrolier affecté par la situation chinoise
Le Brent a perdu $1,66 (2,4%) pour s’établir à $69,04 le baril. Le West Texas Intermediate (WTI) a perdu $1,80 (2,6%) pour atteindre un baril à $66,48. Il s’agit des plus faibles clôtures pour les deux références depuis le 19 juillet 2021. Quant aux échanges intrajournaliers, le WTI est tombé à son plus bas niveau depuis mai 2021.
Les politiques internes chinoises néfastes au marché du pétrole
Depuis début 2021, Pékin mène une politique de répression pour faire face à la corruption des raffineries privées chinoises. Les analystes s’attendaient à ce que cette politique fasse chuter la croissance des importations chinoises de pétrole à son plus bas niveau depuis 2000. La révision des raffineries d’État achevée récemment, le nombre de raffineries qui reprennent leurs activités augmente progressivement.
La province de Shandong, où se trouvent les raffineurs indépendants, a intensifié ses efforts pour freiner la production de carburant. Ses raffineries indépendantes ont dû promettre de ne pas échanger de quotas de pétrole brut. Les taux d’exploitation des raffineries indépendantes ont donc affiché une nette tendance à la baisse (63%) en juillet 2021.
Un dollar fort qui alourdi les prix du pétrole
Suite à la reprise économique des États-Unis, un renforcement du dollar semble commencer à émerger. Additionné à la baisse du prix du brut suite au ralentissement asiatique, cela pourrait constituer un frein à court terme. En effet, un dollar américain plus fort rend le pétrole plus cher pour les détenteurs d’autres devises.
Le dollar américain atteint aujourd’hui un sommet de près de trois semaines par rapport à nombreuses autres devises. Également, le rapport récent de la Fed a encouragé les paris pour une action plus rapide de resserrement de sa politique monétaire. En effet, l’inflation serait déjà à un point qui pourrait satisfaire à un début de hausse des taux.
Ainsi, alors que le WTI s’établit en territoire négatif, la marge de craquage de l’essence atteint son plus haut niveau depuis avril 2020. Dans l’ensemble, les données commerciales chinoises de juillet 2021 montrent une modération des importations de produits de base. Il est probable que le second semestre 2021 verra les importations se rapprocher des niveaux enregistrés en 2019, avant la pandémie de coronavirus. La forte croissance associée du second semestre 2020, alors que les mesures de relance battaient leur plein, devrait rester marginale.