La Chine vient de lancer son marché du carbone, fixant des plafonds de pollution pour les entreprises. Cette mesure obligera ces dernières à réduire leurs émissions, sous peine de sanctions économiques.
Chine : des ambitions climatiques grandissantes
Premier émetteur mondial de CO2, le pays est aussi le plus gros investisseur dans les énergies renouvelables. Il ambitionne d’atteindre le pic de ses émissions d’ici à 2030 et la neutralité carbone en 2060.
Le système concernera dans un premier temps 2162 producteurs d’électricité chinois. Ces derniers sont à l’origine d’environ un septième des émissions de CO2 mondiales, provenant de la combustion d’énergies fossiles. Selon Chine Nouvelle, le marché carbone chinois est déjà « le plus grand du monde » en termes de quantité d’émissions couvertes.
Citigroup estime également que les entreprises dépenseront $800 millions en « permis de polluer » chaque année. Ce chiffre devrait atteindre $25 milliards d’ici à 2030. Le marché carbone chinois devrait alors représenter environ un tiers de celui de l’Union européenne, le premier au monde actuellement.
Un prix à la tonne de carbone trop faible ?
Néanmoins, l’ampleur et l’efficacité de cette mesure sont inférieures à celles du projet initial, qui devait couvrir 7 secteurs. Le gouvernement a effectivement revu ses ambitions à la baisse, priorisant la relance économique après la crise sanitaire.
À l’ouverture du marché ce vendredi 16 juillet 2021, le prix de la tonne de carbone s’élevait à $8. Le prix annuel moyen devrait tourner autour de $4,60, bien moins que les $49,40 du marché européen. D’après l’organisation britannique TransitionZero, la distribution de permis gratuits et les faibles montants des sanctions maintiendront les prix bas.
Un programme voué à l’expansion ?
Néanmoins, la Chine a promis d’étendre le programme aux producteurs de ciment et aux fabricants d’aluminium dès l’année prochaine.
« L’objectif est de couvrir jusqu’à 10.000 entreprises émettrices, responsables d’environ 5 milliards de tonnes de carbone d’émissions supplémentaires par an », a déclaré Zhang Xiliang, concepteur du nouveau système.
De potentiels freins au programme
Certains problèmes pourraient néanmoins ralentir l’expansion du programme. Le manque de savoir-faire technique et la pression des lobbies du charbon et de l’acier en font partie.
De plus, les provinces dépendantes du charbon et des industries polluantes pourraient résister, estime Huw Slater, de China Carbon Forum. Selon lui, les responsables politiques locaux craignent des suppressions d’emplois et de l’instabilité sociale, conséquences possibles d’une décarbonation trop rapide.