La Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, a exprimé son intention de revoir à la hausse ses objectifs climatiques lors de la 29e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29) à Bakou, en Azerbaïdjan. Le vice-premier ministre Ding Xuexiang, représentant le président Xi Jinping, a confirmé que la Chine vise à atteindre la neutralité carbone avant 2060, tout en renforçant ses contributions financières pour le climat.
Au cours de son discours, Ding Xuexiang a précisé que la prochaine soumission des Contributions Déterminées au Niveau National (CDN) pour 2035 inclura tous les secteurs économiques et prendra en compte l’ensemble des gaz à effet de serre, dépassant ainsi le cadre limité au dioxyde de carbone (CO2). Ces nouvelles cibles seront déposées auprès des Nations Unies en 2025.
Renforcement des CDN et leadership climatique
Les CDN, soumises périodiquement par les pays signataires de l’Accord de Paris, servent à établir des plans détaillés pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. L’engagement de la Chine à couvrir tous les secteurs et gaz à effet de serre marque un changement significatif, signalant une volonté de s’aligner sur des efforts mondiaux plus ambitieux. Cette démarche intervient alors que la Chine subit une pression croissante des nations développées pour accélérer son pic d’émissions avant 2030.
En parallèle, le vice-premier ministre a rappelé la position de la Chine selon laquelle les nations développées doivent jouer un rôle prédominant dans le financement climatique mondial. Néanmoins, son discours à la COP29 reflète une inflexion en indiquant une participation accrue de la Chine dans ce domaine.
Financement climatique : une première évaluation des contributions chinoises
Pour la première fois, la Chine a révélé son apport historique au financement climatique. Depuis 2016, le pays a mobilisé et fourni plus de 177 milliards de yuans (24,5 milliards de dollars) pour soutenir les pays en développement dans leurs efforts de lutte contre le changement climatique. Ce montant équivaut à une contribution moyenne annuelle de 2,7 milliards de dollars, bien que loin des niveaux atteints par les pays développés. Par comparaison, les nations industrialisées ont contribué collectivement à hauteur de 115,9 milliards de dollars en 2022, dont 5,8 milliards de dollars provenant des États-Unis.
Cette déclaration marque un tournant important, car Pékin avait jusqu’à présent évité de divulguer publiquement ses chiffres de financement climatique. Cette prudence reflétait la position de la Chine, qui considère que les pays développés doivent assumer la responsabilité exclusive de ce type de financement.
Débats sur l’élargissement de la base des contributeurs
La COP29, décrite comme la « COP du financement », se concentre sur l’établissement d’un nouvel objectif collectif quantifié (NCQG) en matière de financement climatique. Ce cadre remplacera le seuil annuel de 100 milliards de dollars fixé par l’Accord de Paris. Une question majeure reste en débat : faut-il inclure les grandes économies en développement, telles que la Chine, parmi les contributeurs réguliers au financement climatique mondial ?
Bien que Ding Xuexiang n’ait pas détaillé la méthodologie utilisée pour estimer les contributions chinoises, son intervention ouvre la voie à des discussions sur une éventuelle redéfinition des responsabilités financières des pays émergents dans la lutte contre le changement climatique.
Avec ses nouvelles ambitions climatiques et financières, la Chine entend renforcer son rôle dans la gouvernance climatique mondiale, tout en affirmant la nécessité d’un partage équitable des responsabilités entre pays développés et économies émergentes.