La Chine a des besoins en matières premières d’une ampleur unique qui dépasse largement la production nationale. Mais la récente flambée des prix de tous les produits, notamment du charbon, a entraîné une hausse des prix de production. Un phénomène sans précédent depuis 2008.
En Chine, la hausse des prix est inévitable
Les récentes mesures prises par les autorités chinoises ont réussi à écrémer un peu les prix des matières premières. Les prix des matières premières sont, cependant, déterminés par l’offre et la demande mondiales. Les responsables chinois ne pouvant les influencer qu’indirectement.
En outre, la Chine importe environ la moitié de tous les métaux clés et près de 20% du pétrole.
Le gouvernement demande l’augmentation de la production de charbon
Lors d’une réunion tenue le 19 mai 2021, le cabinet chinois a qualifié la flambée des prix de « déraisonnable ». Il appelle ainsi à une répression du « commerce malveillant » et a exhorté les producteurs de charbon à augmenter leur production.
En plus, Pékin a mené deux enquêtes distinctes sur les marchés du charbon et du minerai de fer. La Chine procède également à des ventes rares de métaux clés afin de combler les lacunes de l’offre et faire baisser les prix.
Une intervention gouvernementale inédite
Ces nouvelles règles exigent plus de transparence et de cohérence de la part des fixateurs de prix des matières premières à partir du mois d’août 2021. Elles constituent l’intervention la plus complète de Pékin sur le marché à ce jour. Elles indiquent une approche gouvernementale globale de la gestion des prix des matières premières.
Toutefois, les prix de la plupart des intrants essentiels, y compris le charbon, l’aluminium et le zinc sont toujours proches des sommets pluriannuels.
« On a effectivement constaté une baisse des prix de certaines matières premières…. Cela vous indique que les mesures sont efficaces, du moins à court terme » selon un senior de Goldman Sachs Asia.
Il reconnait également qu’à plus long terme, un examen complet de l’offre et de la demande était nécessaire.
Le charbon thermique atteint les 117 euros la tonne
Les résultats des efforts déployés par Pékin ne sont pas de nature à rassurer sur la fin de la hausse des prix. Le charbon en Chine est essentiel à la production d’électricité pour la plupart des usines, des bureaux et des foyers. Les contrats sur le charbon thermique de Zhengzhou ont atteint un niveau record de plus de 117 euros la tonne. Il s’agit d’un gain de 30 % en six semaines seulement.
Le charbon a toutefois baissé sous les 104 euros la tonne à la suite des avertissements des décideurs politiques. Les prix sont maintenant revenus à leur niveau et devraient le rester, car le temps chaud stimule la demande de climatisation.
La crise avec l’Australie accentue la hausse des prix
L’Australie est le deuxième plus grand expéditeur de charbon thermique au monde. L’embargo sur le charbon australien est en vigueur en Chine depuis le mois d’octobre, et ce, jusqu’à la fin de l’année 2021. Il est dû à un différend sur diverses questions, notamment la demande de Canberra d’une enquête sur les origines du coronavirus.
Les importations de la Chine en provenance d’Australie, qui était son deuxième fournisseur, sont tombées à pratiquement zéro.
La Chine a changé ses importations de charbon d’Australie par l’Indonésie et la Russie. La République Populaire va donc payer un lourd tribut, le prix du charbon indonésien ayant flambé ces derniers jours. Le prix du charbon indonésien a en effet triplé depuis septembre 2020.
Les raffineries limitent leur production
En outre, la province chinoise de Shandong a intensifié ses efforts pour limiter la production de carburant. Elle a ordonné aux raffineries indépendantes de promettre de ne pas échanger leurs quotas de pétrole brut. Le pays gère en effet ses importations de pétrole brut via un système de quotas, en délivrant des permis plusieurs fois par an.
Cette mesure fait suite à une répression menée par Pékin, qui a révélé que plusieurs raffineurs avaient échangé des quotas. Notamment en vendant des quotas à des usines non enregistrées pour traiter du brut importé. Cela défiant ainsi les efforts visant à réduire un excédent de carburant qui a affecté les bénéfices des raffineurs publics.
Cela a conduit le gouvernement à réduire les importations. Les raffineurs indépendants, connus sous le nom de « théières », gèrent environ 1/5ème des importations de brut de la Chine.
Les raffineurs indépendant sommés de ne pas vendre leurs quotas
Le gouvernement provincial de la province de Shandong est la plaque tournante du raffinage indépendant du pétrole en Chine. Il a demandé à 30 raffineurs de signer chacun une lettre de garantie. Ces derniers s’engagent ainsi à ne pas revendre leurs quotas d’importation de brut ni à essayer d’acheter de telles allocations.
Les mesures prises par les autorités chinoises pour maîtriser la flambée des coûts des matières premières n’a eu qu’un effet éphémère. Laissant la plus grande zone manufacturière du monde face à la réalité de coûts d’intrants sensiblement plus élevés. La hausse des prix du charbon et la baisse de production des raffineries pourraient saper la croissance à moyen terme.