Le groupe énergétique Chevron Corporation a confirmé avoir finalisé l’acquisition de Hess Corporation, dans le cadre d’une transaction estimée à près de 60 milliards $ (incluant la dette). L’opération avait été retardée de plus d’un an en raison d’un litige avec ExxonMobil Corporation concernant un actif stratégique offshore au Guyana.
Un arbitrage décisif autour du champ Stabroek
L’accord, annoncé initialement en octobre 2023, visait principalement à permettre à Chevron d’acquérir les 30 % détenus par Hess dans le bloc pétrolier Stabroek, considéré comme l’une des plus importantes découvertes de la décennie avec plus de 11 milliards de barils équivalent pétrole. ExxonMobil, opérateur majoritaire du champ avec 45 %, et la China National Offshore Oil Corporation (CNOOC), qui en détient 25 %, avaient la possibilité de s’opposer à l’entrée d’un nouvel acteur via une clause de préemption.
La procédure d’arbitrage, menée par la Chambre de commerce internationale (International Chamber of Commerce – ICC), a tranché en faveur de Chevron, ouvrant la voie à la finalisation de l’opération. ExxonMobil a indiqué respecter la décision, bien qu’il considère qu’elle établit un précédent défavorable en matière de protection d’investissements stratégiques.
Impact sur la gouvernance et perspectives financières
Dans le cadre de cette absorption, Chevron émettra environ 301 millions de nouvelles actions pour racheter les parts détenues par les actionnaires de Hess, à raison de 1,025 action Chevron pour une Hess. L’intégration devrait générer environ 1 milliard $ de synergies de coûts par an d’ici fin 2025, selon la direction du groupe.
La Federal Trade Commission (FTC), autorité américaine de la concurrence, a par ailleurs levé les restrictions précédemment imposées au rachat. John Hess, actuel directeur général de Hess Corporation, pourra désormais intégrer le conseil d’administration de Chevron, sous réserve de validation par les autres membres.
Réévaluation du portefeuille et implications pour les actifs américains
Chevron prévoit un budget d’investissement annuel compris entre 19 et 22 milliards $ dans sa nouvelle configuration post-fusion. Toutefois, selon une analyse de TD Cowen, le rachat pourrait ne pas contribuer positivement au flux de trésorerie avant 2027. Les analystes estiment que certains actifs dans le bassin de Bakken, aux États-Unis, pourraient être vendus pour recentrer le portefeuille sur des zones jugées plus stratégiques.
Chord Energy Corporation et Devon Energy Corporation sont identifiées comme repreneurs potentiels de ces actifs. La décision finale dépendra de la réévaluation stratégique attendue dans les mois à venir par la direction de Chevron.