Le charbon constitue aujourd’hui la première source d’électricité dans le monde avec 39 % de parts de marché. Bien qu’en hausse, cette consommation est encore très loin d’avoir entamé des réserves estimées à 133 années de consommation. Pourtant, ces dernières années, le charbon n’a cessé de perdre du terrain face aux énergies renouvelables ou au gaz naturel. Ce dernier émet encore beaucoup trop de CO2 pour pouvoir s’imposer comme une composante de la transition énergétique. La difficulté, pour l’industrie charbonnière, sera dès lors de s’engager rapidement vers des nouveaux modèles de « charbon propre ».
Un charbon en déclin en Occident mais encore incontournable en Asie
Historiquement dominant comme source d’électricité, le charbon voit sa part de consommation constamment diminuer depuis quelques années. Ce déclin n’est pourtant pas de même intensité que l’on soit en Europe, aux Etats-Unis ou en Asie.
Un déclin largement engagé dans les pays occidentaux
En Europe, la production de charbon a connu un véritable effondrement depuis 20 ans. D’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE), celle-ci a ainsi été divisée par trois. Ce déclin structurel s’explique par la réduction massive des prix du gaz ainsi que par l’augmentation de la tarification carbone.
À l’avenir, le charbon devrait disparaître du mix énergétique européen. C’est en tout cas l’objectif du Green New deal annoncé par la commission Von der Leyen. Déjà, l’Allemagne, qui possède les plus grandes réserves du continent, a annoncé l’arrêt de sa production pour 2038. En Europe, seule la Pologne est encore réticente à abandonner le charbon par crainte d’une dépendance au gaz russe.
Ce déclin du charbon est également visible aux États-Unis et ce malgré les promesses faites par l’administration Trump. Ainsi, en 2019, la production nationale a atteint son plus bas niveau historique depuis 1978. Bien que détenant les plus grandes réserves mondiales, l’industrie charbonnière américaine subit en effet la concurrence des gaz de schiste.
La résilience du charbon en Asie
Contrairement à l’Europe et aux États-Unis, l’Asie, et plus particulièrement la Chine, continue à consommer massivement du charbon. L’Empire du milieu représente même quasiment 50 % de la consommation mondiale. Pour la Chine, il s’agit en effet d’une ressource bon marché amplement disponible sur le territoire national. En outre, l’industrie charbonnière chinoise bénéficie d’une flotte jeune capable de produire jusqu’en 2050.
Même les problèmes de pollution de l’air ne remettent pas vraiment en cause le rôle du charbon. Certes, la part de ce dernier dans la consommation primaire est aujourd’hui de 58 % contre 64 % en 2015. Mais le gouvernement chinois privilégie en réalité l’amélioration de l’efficacité énergétique de la flotte charbonnière plutôt que son élimination. La logique ici est celle d’une diversification du mix énergétique dans lequel le charbon restera un acteur majeur.
Ce scénario est quasiment identique en Inde où cette source d’énergie représente 2/3 de la consommation d’électricité. Le charbon est en effet indispensable à ce pays structurellement dépendant de l’extérieur pour l’achat de ses produits énergétiques. Une difficulté se pose néanmoins pour New Delhi qui a beaucoup de mal à attirer les investisseurs dans ce secteur.
Une transition insuffisante vers le charbon propre et décarboné
Bien qu’ayant conservé des positions fortes en Asie, l’industrie charbonnière ne peut faire l’économie d’une transition vers le charbon propre. D’une part, cette transition sera une condition essentielle aux respects de l’accord de Paris. D’autre part, l’annonce de Xi Jinping d’une neutralité carbone en Chine en 2060 pousse naturellement à la décarbonation du secteur. Trois voies sont envisagées pour atteindre cet objectif.
La voie de l’efficacité énergétique
La première voie envisagée concerne les technologies réduisant l’empreinte carbone de la production charbonnière. Appelée supercritical ou ultra-supercritical, ces techniques permettent d’améliorer l’efficacité thermique des centrales à charbon. On estime ainsi à 25 % la réduction des émissions de CO2 par rapport à une centrale classique. Ce nouveau type de centrale se trouve principalement en Chine et bénéficie d’un large soutien des pouvoirs publics.
Néanmoins, ces centrales continuent à émettre massivement du CO2 dans l’atmosphère. D’après l’AIE, les plus performantes des ultra-supercriticals rejettent ainsi 750 grammes de CO2 par kilowattheure. Cela représente près de 50 % de plus qu’une centrale à gaz. Il est donc difficile d’imaginer dans ces conditions que ce type de centrale favorise à l’avenir la décarbonation du charbon.
La voie de la mine souterraine
Une des hypothèses envisagée pour un « charbon propre » repose sur la mise sous terre des activités minières. Cela consiste à fermer complètement le site via un bâtiment clos empêchant le CO2 de s’échapper dans l’atmosphère. Cette technique va être pour la première fois expérimentée au Royaume-Uni sur la centrale de Woodhouse Colliery. Prévue pour la fin d’année 2021, cette centrale servira ainsi de modèle au développement du charbon bas-carbone.
Pourtant, des problèmes se posent quant à l’efficacité réelle du dispositif. D’une part, la question du traitement du CO2 ainsi capturé reste encore floue. D’autre part, le charbon produit ira alimenter l’industrie lourde faisant ainsi augmenter les émissions du pays.
La voie des technologies CCUS
Les techniques de capture et de stockage du CO2 (CCUS) constituent la troisième voie envisagée pour produire du charbon propre. L’objectif consiste à pouvoir séquestrer le CO2 avant qu’il n’atteigne l’atmosphère puis de le stocker. La centrale à charbon pourra ainsi capturer l’ensemble du CO2 produit par son activité.
Malheureusement, cette technique souffre d’un coût trop élevé pour être encore compétitive. La question du transport et du stockage de CO2 pose également un problème en matière d’acceptabilité sociale. D’ailleurs, seules 24 unités de CCUS sont aujourd’hui opérationnelles dans le monde.
L’industrie charbonnière est donc très loin de sa décarbonation. Celle-ci sera pourtant essentielle pour l’industrie afin de participer pleinement à la transition énergétique.