L’autorité de sûreté nucléaire (ASN) a rendu un avis positif à EDF pour prolonger de dix ans la durée d’exploitation du réacteur numéro 1 de la centrale de Tricastin (Drôme), une première au-delà de 40 ans pour le parc nucléaire français, selon un avis dont l’AFP a pris connaissance lundi.
Feu vert de l’ASN pour la centrale du Tricastin : Poursuite de fonctionnement confirmée après le quatrième réexamen périodique
Ce réacteur « est le premier réacteur du parc nucléaire français sur lequel l’ASN prend position à l’issue de son quatrième réexamen périodique, soit après environ 40 années de fonctionnement », indique l’autorité dans un avis publié le 10 août dernier. En 2021, l’ASN avait pris position sur la phase générique du quatrième réexamen périodique des réacteurs de 900 MW, comme ceux du Tricastin, « qui portait sur les points communs à tous ces réacteurs », rappelle-t-elle dans cet avis. L’ASN avait ainsi « considéré que l’ensemble des dispositions prévues par EDF et celles qu’elle avait prescrites ouvraient la perspective d’une poursuite de fonctionnement de ces réacteurs pour les dix ans qui suivent leur quatrième réexamen périodique ».
Après un examen approfondi propre au réacteur du Tricastin, « l’ASN considère que les conclusions du quatrième réexamen périodique du réacteur, les actions prévues par EDF et celles prises en réponse à la décision de l’ASN (…) permettent d’atteindre les objectifs fixés pour ce réexamen périodique », indique l’ASN dans cet avis, confirmant des informations révélées par Les Echos. L’avis de l’ASN « indique que le réacteur peut continuer à fonctionner jusqu’à son prochain examen » et donc sa prochaine visite décennale, a indiqué à l’AFP Yves Guannel, chef du bureau « agressions et réexamens de sûreté » à la direction des centrales nucléaires de l’ASN.
Vers une longévité nucléaire étendue : Succès du programme ‘Grand carénage’ et perspectives d’exploitation au-delà de 60 ans
Cette prolongation a été rendue possible par les travaux entrepris par EDF dans le cadre de son programme « Grand carénage », mené depuis 2014 pour rénover le parc nucléaire français et augmenter le niveau de sûreté des réacteurs afin de poursuivre leur exploitation significativement au-delà de 40 ans. Elle prend néanmoins une résonance particulière, quelques mois après l’annonce par l’Elysée du « lancement d’études permettant de préparer la prolongation de la durée de vie des centrales existantes à 60 ans et au-delà », en attendant la construction de réacteurs EPR2 de nouvelle génération.
La facture du « grand carénage », programme de modernisation et prolongation de la durée de vie des centrales au-delà de 40 ans, est évaluée à environ 66 milliards d’euros. Le gouvernement porte aussi un programme de six à 14 réacteurs EPR, estimés à 51,7 milliards pour les six premiers.
Pour des prolongations comme celle de Tricastin 1, les objectifs de sûreté sont « alignés » sur ceux prévus pour les réacteurs de dernière génération, a assuré M. Guannel. Il a notamment évoqué « un nouveau niveau d’aléas canicule », pour que le réacteur puisse résister « à des niveaux de températures plus élevés que ce qui avait été prévu à la conception ».