Les coûts du CCS en Europe sont estimés entre 130 et 150 euros par tonne, la majorité de ces coûts étant liés au transport et au stockage du CO2. Cette estimation dépasse largement le prix des quotas du Système d’Échange de Quotas d’Émission de l’Union Européenne (EU ETS), évalué à environ 67,92 euros par tonne au 25 juin. Cette disparité pose un défi financier important pour les développeurs de projets, qui attendent que les gouvernements finalisent les cadres réglementaires pour le CCS. Les développeurs de projets sont en attente des cadres réglementaires finaux de la part des gouvernements pour encadrer les opérations de CCUS. L’obstacle financier de la réduction des risques pour les projets est également notable. Margarethe Kleczar, vice-présidente de la gestion du carbone et de l’hydrogène chez Wintershall Dea, a déclaré que le financement reste une tâche difficile, particulièrement en Europe continentale, tandis que le programme de séquençage des clusters Track 1 et 2 du Royaume-Uni aide à réduire les risques des investissements.
Initiatives Britanniques : Modèle à Suivre ?
Au Royaume-Uni, le programme de clusters Track 1 et 2 vise à réduire les risques financiers des projets CCS en alignant les émetteurs et les opérateurs de transport et de stockage de CO2. Malgré cela, les projets rencontrent des défis, notamment la gestion de multiples régulateurs. Matt Browell-Hook de Spirit Energy souligne que les décisions d’investissement prévues en 2024 seront cruciales pour renforcer la confiance du secteur. Le groupe de commerce Hydrogen UK a appelé à une action gouvernementale accélérée sur le développement des projets CCUS et des subventions avant les élections générales britanniques de juillet 2024. Le gouvernement britannique a annoncé des projets Track 1 en mars 2023, attribuant également le statut Track 2 aux projets Acorn et Viking plus tard dans l’année. Le gouvernement prévoit de passer à un processus d’allocation concurrentiel à partir de 2027 et d’ouvrir le cluster HyNet dans le nord-ouest à plus d’entreprises à partir de 2030.
Avancées aux Pays-Bas et en Grèce
Des projets CCS sont en cours aux Pays-Bas, où le projet Porthos a débuté la construction en avril. Ce projet fixe ses tarifs à 38 euros par tonne pour des contrats de 15 ans, bien en deçà des estimations de coûts moyens européens. Cependant, les coûts du projet ont plus que triplé depuis sa conception, et ont doublé depuis la fixation des tarifs avec les émetteurs. En Grèce, le projet Prinos de EnEarth prévoit une décision d’investissement final en 2024 ou 2025, visant à stocker 3 millions de tonnes de CO2 par an dans un champ de pétrole et de gaz épuisé. Le projet servira des clients potentiels en Croatie, en Italie, en Bulgarie et en Grèce.
Soutien Gouvernemental et Subventions : Clés de la Réussite
Les subventions et le soutien gouvernemental sont essentiels pour démarrer les premiers projets CCS. Paul Lafferty de Summit Energy Evolution et Hetal Gandhi de Wood Mackenzie soulignent l’importance des incitations financières pour dynamiser le secteur. Le Royaume-Uni utilise divers mécanismes pour soutenir les investissements, tandis que d’autres pays comme l’Australie et l’Indonésie offrent des avantages nettement inférieurs à leurs besoins d’investissement. Un rapport de Wood Mackenzie estime que la capacité mondiale de captage de carbone atteindra 440 millions de tonnes par an d’ici 2034, nécessitant un investissement total de 196 milliards de dollars. Environ 70% de cet investissement sera concentré en Amérique du Nord et en Europe. Le rapport souligne également que les gouvernements jouent un rôle critique en offrant des subventions d’investissement, des subventions opérationnelles, des incitations fiscales et des contrats pour différences pour les projets CCUS.
La Demande Supérieure à l’Offre
Malgré les prévisions de croissance, la capacité de captage et de stockage de CO2 prévue de 664 millions de tonnes par an ne suffira pas à répondre à la demande mondiale de 640 millions de tonnes par an d’ici 2034. La majorité des projets en cours se trouvent en Amérique du Nord et en Europe, laissant l’Asie-Pacifique en retard, particulièrement la Chine et l’Inde. Les incitations gouvernementales, comme l’Inflation Reduction Act aux États-Unis et le système de subventions SDE++ aux Pays-Bas, jouent un rôle crucial pour avancer les projets vers des décisions d’investissement finales. Les analystes de Wood Mackenzie prévoient que les capacités de stockage de CO2 dépasseront les capacités de captage, créant un écart mondial de plus de 200 millions de tonnes par an d’ici 2034. Les écosystèmes de stockage basés sur des hubs se développeront, notamment en Europe et en Asie-Pacifique, bien que des accords bilatéraux et des politiques de transport transfrontaliers de CO2 soient nécessaires pour gérer les risques de responsabilité.
Les projets CCS en Europe sont confrontés à des défis financiers et réglementaires, malgré des initiatives prometteuses au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. Le soutien gouvernemental est crucial pour combler le fossé entre les coûts et les prix du marché de la conformité CO2. La demande de capacités de captage et de stockage de carbone dépasse largement l’offre, nécessitant des investissements accrus et des incitations politiques pour atteindre les objectifs climatiques de 2030.