Carester, une société basée à Lyon, a posé la première pierre de son usine de recyclage et de raffinage de terres rares à Lacq, dans le département des Pyrénées-Atlantiques. Ce projet, nommé Caremag, vise à réduire la dépendance européenne vis-à-vis de la Chine, qui fournit actuellement 98 % des terres rares utilisées en Europe. Ce secteur stratégique, essentiel pour les aimants permanents dans des technologies telles que les véhicules électriques et les éoliennes, est au cœur de la transition énergétique. L’usine devrait entrer en service fin 2026, avec la création de 92 emplois directs.
Financements franco-japonais
Le financement global du projet atteint 216 millions d’euros, répartis entre l’État français et des partenaires japonais. L’État français a apporté 106 millions d’euros, sous forme de subventions et d’avances remboursables, via les programmes France Relance et France 2030, ainsi qu’un crédit d’impôt pour l’industrie verte. Parallèlement, les sociétés japonaises Japan Organization for Metals and Energy Security (JOGMEC) et Iwatani Corporation ont investi 110 millions d’euros en fonds propres et en dette d’actionnaire, à travers une coentreprise, la Japan France Rare Earths Company.
Capacités de production
L’usine Caremag se concentrera sur le recyclage d’aimants permanents, avec un objectif de 2 000 tonnes traitées chaque année. Elle raffinera également 5 000 tonnes de concentrés miniers pour produire environ 600 tonnes de terres rares lourdes, principalement du dysprosium et du terbium, représentant environ 15 % de la production mondiale actuelle. En parallèle, elle produira 800 tonnes de terres rares légères, principalement du néodyme et du praséodyme, qui sont utilisés pour fabriquer des aimants permanents dans des secteurs stratégiques tels que l’électronique et la robotique.
Partenariats stratégiques
Afin de sécuriser la commercialisation de sa production, Carester a signé des accords à long terme avec plusieurs industriels. Stellantis, le constructeur automobile, a ainsi pris un engagement pour l’achat d’une partie des terres rares légères produites à Lacq. En outre, la coentreprise Japan France Rare Earths Company distribuerait 50 % de la production de terres rares lourdes aux partenaires industriels japonais. Ces accords viennent renforcer la position de Carester comme acteur clé de la chaîne d’approvisionnement en terres rares, essentiel pour l’industrie énergétique et technologique mondiale.
Contexte industriel
Ce projet s’inscrit dans une dynamique européenne visant à réduire la dépendance vis-à-vis des importations de terres rares, principalement contrôlées par la Chine. Plusieurs initiatives ont vu le jour récemment pour encourager le recyclage de ces matériaux critiques. En 2024, la start-up MagREEsource a ouvert une usine-test en Isère pour produire des aimants à partir de matériaux recyclés, avec une capacité annuelle de 50 tonnes. Par ailleurs, le groupe belge Solvay exploite une usine à La Rochelle pour la fabrication de produits à base de terres rares, et prévoit de démarrer la production d’oxydes destinés aux aimants permanents. Ces projets illustrent l’importance croissante du recyclage des terres rares en Europe, à un moment où la demande pour ces matériaux est en forte hausse.