Le gouvernement vénézuélien a réaffirmé son exigence de paiement pour toute exportation de gaz provenant du gisement offshore Dragon, situé dans ses eaux territoriales. Cette déclaration intervient à la suite de la décision des autorités américaines d’accorder une licence exceptionnelle permettant à Trinité-et-Tobago de relancer les négociations commerciales avec Caracas.
Washington relance un projet bloqué depuis des années
Le champ gazier Dragon, situé au nord-est du Venezuela près de la frontière maritime avec Trinité-et-Tobago, recèlerait 120 milliards de mètres cubes de réserves. Ce projet, initialement gelé en raison des sanctions économiques imposées par les États-Unis, a reçu un nouveau feu vert en octobre. L’Office of Foreign Assets Control (Ofac), une agence du département du Trésor des États-Unis chargée du contrôle des avoirs étrangers, a également autorisé la reprise des opérations de la société américaine Chevron sur d’autres sites au Venezuela.
Les négociations entre Caracas, Port-d’Espagne et la société anglo-néerlandaise Shell s’étaient intensifiées en 2023, avec la signature d’un accord de coopération sur l’exploitation et l’exportation du gaz de Dragon. Toutefois, la nature des mécanismes de paiement prévus par cet accord reste à ce jour non précisée. Le Venezuela insiste désormais sur une transaction financière complète, quel que soit le volume exporté.
Une ressource stratégique pour Trinité-et-Tobago
Trinité-et-Tobago est actuellement le deuxième producteur de gaz naturel de la région caraïbe. L’exploitation du champ Dragon est considérée comme une opportunité cruciale pour soutenir la reprise économique du pays, touché par une récession prolongée et où 20 % de la population vit sous le seuil de pauvreté.
La proximité géographique entre le champ vénézuélien et les infrastructures gazières de Trinité-et-Tobago, déjà exploitées par Shell, offre une base logistique avantageuse pour le développement rapide de la chaîne d’exportation. Selon les autorités de Port-d’Espagne, ce projet pourrait contribuer à stabiliser l’approvisionnement en gaz naturel liquéfié, un secteur central de l’économie nationale.
Tensions politiques sur fond d’intérêts énergétiques
La vice-présidente du Venezuela, Delcy Rodriguez, a déclaré lors d’un forum économique que « toute molécule exportée doit être payée », soulignant qu’il ne s’agissait pas d’un geste diplomatique, mais d’une relation commerciale fondée sur des règles claires. Caracas entend encadrer strictement les futures exportations, même si celles-ci bénéficient d’autorisations spéciales de la part des États-Unis.
La Première ministre de Trinité-et-Tobago, Kamla Persad-Bissessar, a exprimé son soutien aux initiatives américaines dans les Caraïbes, incluant le récent déploiement naval justifié par la lutte contre le narcotrafic. Elle adopte parallèlement une position ferme dans les négociations avec le Venezuela, bien que les discussions demeurent ouvertes quant à la structure finale de l’accord commercial autour du champ Dragon.