L’Asie-Pacifique s’engage progressivement dans le développement des technologies de captation, d’utilisation et de stockage du carbone (CCUS), une réponse essentielle aux exigences de la transition énergétique mondiale. Les projets dans cette région, qui inclut des pays comme l’Australie, la Chine, la Malaisie et l’Indonésie, se heurtent toutefois à des défis majeurs, notamment des coûts élevés de captation et des cadres réglementaires encore incomplets.
Actuellement, le traitement du gaz naturel représente 34 % des capacités de captage de CO2 en projet, suivi de la production d’électricité à partir de charbon et de la production d’hydrogène. Cependant, les coûts de captation, qui peuvent représenter entre 60 % et 70 % des dépenses totales d’un projet, posent des défis significatifs. Le seuil de rentabilité est estimé autour de 100 dollars par tonne de CO2, rendant ces projets difficiles à financer sans un soutien financier conséquent.
Défis Réglementaires et Juridiques
Les régulations spécifiques au CCUS sont en cours d’élaboration dans plusieurs pays d’Asie-Pacifique, mais les incertitudes persistent, notamment concernant le transport transfrontalier de CO2 et les responsabilités légales en cas de fuite. L’Indonésie, par exemple, tente d’adapter ses structures contractuelles du secteur en amont pour encadrer le CCUS, mais le cadre réglementaire reste largement en développement.
Ces défis sont accentués par la nature géopolitique croissante du CCUS. Les régimes de licences, la responsabilité liée aux fuites de CO2, et les incertitudes quant à l’évolution des lois locales sont des préoccupations majeures pour les entreprises. La complexité des négociations intergouvernementales nécessaires pour assurer la coopération transfrontalière sur ces projets ajoute un niveau supplémentaire de difficulté.
Perspectives Économiques et Régionales
Le financement du CCUS, en particulier via des crédits carbone, est un sujet de débat. En dépit de ces défis, certains pays de la région, comme le Japon, ont établi des objectifs clairs pour le développement du CCUS. Le Japon est actuellement le seul pays d’Asie-Pacifique avec un objectif CCUS défini, visant à lancer des projets de stockage de carbone d’ici 2030. La Chine, avec son plan visant à réduire de moitié les émissions des projets pilotes d’ici 2027, pourrait être un acteur clé dans l’accélération de l’adoption du CCUS à grande échelle.
Cependant, la diversité des approches et la fragmentation des marchés compliquent la création d’un écosystème CCUS cohérent dans la région. Les coûts élevés et les régulations fragmentées freinent l’implantation rapide de cette technologie.
Le succès des efforts de l’Asie-Pacifique en matière de CCUS dépendra de la capacité des gouvernements à harmoniser leurs régulations, à surmonter les obstacles financiers, et à rendre ces projets attractifs pour les investisseurs du secteur énergétique.