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Canada : les banques accusées de Greenwashing

Les banques financent les entreprises exploitantes d'hydrocarbures avec des financements liés à la durabilité

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Au Canada les banques sont dans la tourmente à cause de leurs financements liés à la durabilité (FLD).

 

De nombreux financements accordés par les banques du Canada

Des banques canadiennes accusées de Greenwashing

Ces deux dernières années les banques canadiennes ont augmenté le nombre de financement lié à la durabilité pour les clients pétroliers et gaziers.

Les FLD sont des financements dont le coût change lorsque certaines exigences environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) sont satisfaites au niveau de l’entreprise. Mais n’exige pas que les fonds eux-mêmes soient utilisés à des fins écologiques.

Cela a conduit à des accusations de « greenwashing ». En effet certains groupes environnementaux et investisseurs affirmant que les banques utilisent les FLD simplement pour prétendre réduire leur empreinte carbone. Et ce plutôt que de prendre des mesures significatives dans cette direction.

Si l’utilisation d’instruments de financement qui ne nécessitent pas de réduction globale des émissions de carbone continue de croître. Cela pourrait retarder la préparation des banques à la transition du Canada vers une économie à faibles émissions de carbone Ce qui se traduirait alors par des risques plus élevés. Mais aussi des exigences accrues en matière de fonds propres pour compenser ces facteurs.

Un phénomène dangereux pour le Canada

La banque centrale et le régulateur financier ont déjà averti qu’un manque de préparation par les banques pourrait exposer eux et les investisseurs à des « pertes soudaines et importantes. »

Angus Wong est le stratège de la campagne du groupe environnemental à but non lucratif SumOfUs. Cette ONG représente des milliers d’investisseurs bancaires canadiens. Wong déclare :

« C’est une voie dangereuse à suivre. Ce ne sont que des prêts et des obligations et l’ajout d’un mot comme « durabilité ». Et son ajout à des chiffres de financement durable… cela ressemble vraiment à du greenwashing. »

La question est particulièrement pertinente au Canada. Ici le FLD représente une plus grande proportion de tous les financements durables qu’à l’échelle mondiale. Parce qu’il offre une option verte aux industries extractives du pays. Ces dernières ne peuvent généralement pas utiliser des outils plus spécifiques comme les obligations vertes.

Le financement durable est principalement composé de deux types de produits : Premièrement le FLD. Secondement les outils d’utilisation des recettes comme les obligations vertes, qui doivent être utilisés pour des activités respectueuses de l’environnement.

Des banques en soutien de l’industrie des hydrocarbures

Mais la flexibilité de la première signifie que les modalités de financement peuvent même permettre d’augmenter les émissions. Ce qui, selon de nombreux critiques, permet aux gros émetteurs de poser un faux vernis de durabilité par rapport au statu quo.

De nombreuses banques – y compris la Banque Royale du Canada, la Banque Toronto-Dominion et la Banque de Montréal – ont déclaré qu’une transition ordonnée vers une l’économie zéro pourrait prendre des années. Elles déclarent en outre que l’industrie pétrolière et gazière a besoin d’un soutien continu. Sinon elle ne pourrait répondre à la demande continue. Et ce jusqu’à ce que des énergies de remplacement comme l’énergie éolienne et solaire soient développées.

La neutralité carbone renvoie à l’objectif de ne pas émettre de gaz à effet de serre . Que ce soit par les activités humaines ou de les compenser par des processus ou des technologies. Ce dernières peuvent capter les émissions carbone avant qu’elles ne soient rejetées dans l’atmosphère.

Une transition qui pourrait être plus longue que prévu pour le Canada

Compte tenu de l’importance accrue accordée à la transition vers la neutralité carbone, l’utilisation mondiale d’instruments liés à la durabilité a plus que quadruplé en 2021. Selon ce qu’indiquent les données de Refinitiv. Dans le marché naissant du Canada, leur utilisation a augmenté près de 20 fois depuis 2020.

Les obligations liées à la durabilité représentent 11,2 % de toutes les obligations durables au Canada depuis le début de 2021. En comparaison ces obligations représentnet que 908% des obligations durables dans le monde selon Refinitiv. Par ailleurs, les sociétés énergétiques ont émis un tiers de ce montant.

Les prêts de près de 31 milliards de dollars liés à la durabilité (PLD) consentis par des entreprises canadiennes représentaient 90 % de tous les prêts durables au cours de la même période, comparativement à 85 % à l’échelle mondiale. Les sociétés énergétiques traditionnelles représentaient 10 % de ces entreprises au Canada, contre aucune en 2020.

Les banques canadiennes ne sont pas actuellement obligées de payer pour financer les grands émetteurs. Les autorités ont déclaré que des divulgations sur les changements climatiques seront requises à compter de 2024. Ils ont en outre laissé entrevoir de futures exigences en matière de fonds propres.

Le Canada un pays ou banque et hydrocarbures sont liées

Le Canada est le quatrième producteur de pétrole et le sixième producteur de gaz naturel au monde. Cette industrie représente environ 5 % du produit intérieur brut.

Les banques canadiennes font partie des grands bailleurs de fonds des combustibles fossiles à l’échelle mondiale. Elles opérèrent néanmoins une distinction subtile entre leurs engagements en matière de neutralité carbone et leurs engagements à continuer d’appuyer les clients du secteur pétrolier et gazier.

Les banques sont incitées à augmenter les chiffres du financement durable. Matt Price directeur de l’engagement des entreprises pour Investors for Paris Compliance (IPC) observe « une mentalité de ruée vers l’or ». Elle serait due au plan de réduction des émissions de 9,1 milliards de dollars canadiens du gouvernement et à la popularité croissante du financement vert.

Les émissions de portées 3 révélatrices du problème

Les récentes émissions de BLP de l’exploitant pipelinier Enbridge Inc et du producteur de pétrole Tamarack Valley Energy Ltd ont mis la question en lumière.

Leurs BLP comportaient deux caractéristiques qui sont souvent critiquées. Premièrement l’accent mis sur les réductions d’émissions par unité de production, appelées cibles d’intensité, plutôt que les émissions totales. Ensuite, l’absence de cibles de réduction pour la plus grande source d’émissions. Elles sont indirectes de la chaîne de valeur de l’entreprise. Ces émissions sont les émissions de portée 3.

L’émission de Tamarack ainsi qu’une ancienne installation de SLL ont financé des acquisitions qui augmenteraient sa production de pétrole.

L’utilisation de cibles d’intensité par rapport aux cibles absolues est attribuable à la croissance continue de la demande finale dans certains secteurs. Ces secteurs sont par exemple celui de l’énergie, selon Lindsay Patrick, chef, ESG chez RBC Capital Markets.

Elle déclare :

 » Les objectifs de réduction de nombreuses entreprises omettent les émissions de portée 3. À cause d’un manque de précision des données, de différences de méthodologie et de peu de contrôle sur la demande finale. Plus l’accent sera mis sur la réglementation nous allons tous devenir beaucoup plus à l’aise dans le langage des émissions de gaz à effet de serre. Ce qui mènera à une meilleure harmonisation de ce que les investisseurs axés sur les facteurs ESG veulent. Mais aussi de ce que les entreprises fournissent. »

Les autres grandes banques du Canada ont refusé de faire des commentaires ou n’ont pas répondu aux demandes de commentaires.

Les FLD un instrument à retravailler

Kevin Ranney, vice-président principal des solutions d’entreprise chez Sustainalytics déclare :

« Si une société pétrolière s’engage seulement à réduire l’intensité des émissions de ses activités. Ce qui exclurait donc les émissions de portée 3. Nous ne considérerions pas cela comme un instrument crédible lié à la durabilité. » Une BLP crédible doit inclure au moins une exigence qui indique la transition du modèle d’affaires de l’entreprise.

Les cibles fondées sur l’intensité sont une façon « valide et reconnue » de réduire les émissions. Ce qui permet à la société de se concentrer d’abord sur l’amélioration de l’efficacité de ses actifs, a déclaré un porte-parole d’Enbridge. Il ajoute que sa cible pour 2050 est axée sur les émissions absolues.

Il n’existe actuellement aucune directive sur ce qui constitue les émissions de portée 3 pour le secteur intermédiaire, a-t-il dit.

Tamarack n’a pas répondu à une demande de commentaires.

Bien sûr, la plupart des investisseurs bancaires ne s’opposent pas à la fourniture de financement durable aux entreprises énergétiques traditionnelles. Une proposition des actionnaires présentée par IPC lors de l’assemblée des actionnaires de la Banque Royale en avril demandant la fin de la pratique n’a reçu que 9 % des votes favorables.

Jamie Bonham, directeur de l’engagement corporatif chez NEI Investments déclare :

 « Le Canada a une industrie pétrolière et gazière qui a besoin d’une injection importante de capitaux pour réduire ses émissions. Néanmoins, je ne pense pas que tout devrait être inclus dans le même seau de financement durable. En effet, le flou actuel des lignes est ce qui mène à des allégations de greenwashing. »

 

Enfin ces accusations de greenwashing sont une menace pour les banques canadiennes. En effet cela pourrait provoquer un scandale au Canada et avoir de graves conséquences pour le secteur bancaire. Néanmoins les banques accordent de nombreux financements liés à la durabilité à des entreprises spécialisées dans les hydrocarbures.

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