Calogena, une start-up spécialisée dans le développement de technologies nucléaires innovantes, a officiellement déposé son dossier d’option de sûreté (DOS) pour une chaudière nucléaire de 30 mégawatts (MW) thermiques. Cette installation, utilisant du combustible d’uranium, est conçue pour alimenter des réseaux de chaleur urbains en énergie décarbonée, une solution visant à réduire la dépendance des villes aux énergies fossiles.
Le groupe Gorgé, qui soutient Calogena dans cette initiative, a décrit ce dépôt comme une « étape majeure » dans la concrétisation du projet. Selon le communiqué de l’entreprise, ce dossier marque l’aboutissement de plusieurs mois de revue préparatoire avec l’ASN, durant lesquels les caractéristiques techniques de cette chaudière ont été rigoureusement examinées. Le projet entre maintenant en phase de pré-instruction, qui devrait durer environ deux ans avant un éventuel passage à l’étape suivante : l’examen de la demande d’autorisation de création (DAC). L’ASN, le régulateur français des installations nucléaires, a confirmé la réception du dossier et l’engagement du processus de pré-évaluation.
Un marché urbain en pleine expansion
L’originalité de la solution proposée par Calogena réside dans l’usage de technologies de réacteurs de recherche de type « piscine », bien connues des autorités et réputées pour leur sécurité accrue. Ces réacteurs de petite taille, qualifiés de « small modular reactors » (SMR), présentent une puissance bien inférieure à celle des réacteurs nucléaires traditionnels, offrant ainsi des possibilités d’implantation à proximité des centres urbains. D’après Julien Dereux, directeur général de Calogena, le dispositif inclut plusieurs barrières de sûreté pour éviter toute fusion du cœur, une préoccupation centrale dans la conception de réacteurs nucléaires.
Le potentiel commercial de cette chaudière nucléaire est significatif. Calogena voit dans le marché du chauffage urbain un segment porteur, surtout en Europe du Nord et de l’Est, où la demande en chauffage à faible émission de carbone est croissante. Ce secteur représente aujourd’hui plusieurs dizaines de milliards d’euros, un contexte qui motive la société à explorer plusieurs sites en France et en Finlande pour une première implantation.
Calogena, un SMR français en avance
Avec ce projet, Calogena se positionne comme l’un des pionniers dans le domaine des SMR en France. La société se rapproche ainsi d’une première mise en service, un objectif stratégique pour un secteur encore dominé par les grands réacteurs dédiés à la production d’électricité. Contrairement à ces réacteurs, la chaudière de Calogena est conçue spécifiquement pour le chauffage, permettant ainsi d’alimenter des réseaux de chaleur avec une source d’énergie bas carbone. Selon le groupe Gorgé, l’utilisation d’un combustible disponible sur le marché et intégrable dans une filière de retraitement existante ajoute une dimension pratique et durable au projet.
La demande d’homologation déposée par Calogena intervient dans un contexte de compétition accrue sur le marché des SMR en France. Le groupe EDF, par exemple, a également lancé des initiatives dans ce domaine avec le projet Nuward, bien qu’il soit actuellement en phase de révision de conception. De plus, d’autres start-ups comme Jimmy explorent des technologies similaires et ont déjà initié des démarches pour obtenir une DAC. Cependant, Calogena semble être la start-up française la plus avancée sur la voie de la commercialisation d’un SMR fonctionnel.