Taxer les superprofits pourrait rapporter beaucoup plus que prévu par le gouvernement, même si la mesure est limitée au secteur de l’énergie, ont estimé jeudi des économistes de l’Institut des politiques publiques (IPP).
Après avoir rejeté une taxe sur ce secteur qui a énormément profité de l’envolée des prix de l’énergie, le gouvernement français a fini par se rallier à la proposition de la Commission européenne de taxer les bénéfices des entreprises réalisées “pour des raisons dont elles ne sont pas responsables”, à savoir l’envolée des prix du pétrole, du gaz ou de l’électricité, a expliqué Arthur Guillouzouic, chercheur à l’IPP lors d’une présentation à l’Ecole d’économie de Paris.
Avec trois collègues, il estime que “le rendement potentiel de l’amendement du gouvernement” est “très nettement supérieur” aux 200 millions d’euros calculés par le gouvernement sur la base des bénéfices anticipés pour l’année 2022.
L’amendement au projet de budget pour 2023, intitulé “contribution temporaire de solidarité”, et taxant à 33%, au lieu de 25%, les profits excédant de plus de 25% la moyenne de la période de référence 2018-2021, “pourrait rapporter entre 6 et 7 milliards d’euros”, selon les économistes.
La taxe proposée par la Nupes, qui ne se limite pas au secteur de l’énergie mais concernerait toutes les grandes entreprises réalisant plus de 750 millions d’euros de chiffre d’affaires et dont les bénéfices supérieurs de plus de 25% à la moyenne de ceux réalisés entre 2017 et 2019, pourrait rapporter entre 18,8 milliards et 44,4 milliards d’euros.
Une autre étude de l’IPP et du Centre d’études pour la recherche économique et ses applications (Cepremap) arrive à la conclusion que le bouclier tarifaire sur les prix de l’énergie a permis un gain à un 1,7 point de croissance en France cette année.
“Le scénario que le parlement a adopté est celui qui paraît être le meilleur compromis dans le sens où il préserve la croissance, arrive à peu près à contenir l’inflation et à ne pas dynamiser la boucle prix-salaires”, a expliqué François Langot, économiste au Cepremap.
Son étude se prononce contre l’indexation des salaires sur l’inflation, “car son effet négatif sur l’emploi dominerait l’effet positif sur le salaire réel horaire”.
Le président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale Eric Coquerel (LFI), qui a assisté à la présentation, le bouclier tarifaire “est mieux que rien” mais “on ne peut pas se contenter de ce système qui n’a pas empêché la baisse du pouvoir d’achat”. Il demande le blocage des prix lorsque ceux-ci s’envolent.