La Commission européenne prévoit de présenter un plan d’investissement de €1,2 trillion ($1,3tn) pour accélérer la modernisation des réseaux électriques dans les 27 États membres. Le projet, connu sous le nom de « Grids Package », a pour objectif d’accélérer les autorisations pour les infrastructures de réseau, les projets d’énergies renouvelables et les capacités de stockage.
Le système actuel de planification et de délivrance de permis a été critiqué pour sa fragmentation et son inadéquation face aux besoins croissants du secteur. Selon des documents internes, certaines autorisations de projets renouvelables peuvent prendre jusqu’à neuf ans, engendrant des surcoûts et des retards.
Huit projets stratégiques pour connecter l’Europe
La Commission a identifié huit projets prioritaires destinés à renforcer les interconnexions électriques. Ces projets incluent notamment le renforcement des connexions trans-Pyrénéennes, la liaison entre Chypre et le continent européen, ainsi qu’un axe entre la Lituanie et la Pologne pour relier les États baltes au réseau continental.
Parmi les autres initiatives, figure le soutien à un pôle d’interconnexion offshore au Danemark, avec des extensions envisagées dans la mer Baltique. L’exécutif européen souhaite également améliorer les infrastructures dans le sud-est du continent et établir un corridor hydrogène reliant la Tunisie à l’Allemagne via l’Italie et l’Autriche.
Capacité de stockage et objectifs d’interconnexion en retard
Un autre corridor entre le Portugal et l’Allemagne bénéficiera d’un appui politique et d’une coordination renforcée. Le programme vise à combler le retard pris par l’Union dans ses objectifs d’interconnexion de 15 % d’ici 2030, une cible que 14 pays membres n’ont pas encore atteinte.
La vétusté des infrastructures entrave actuellement l’intégration des énergies renouvelables et freine la mise en service de nouveaux projets. Un exemple marquant reste la panne d’avril ayant touché plus de 60 millions de personnes sur la péninsule Ibérique, selon des responsables du régulateur européen de l’énergie.
Structure de financement encore floue
Le coût total estimé de la modernisation s’élève à €1,2 trillion, répartis entre €730bn pour les réseaux de distribution et €477bn pour les réseaux de transport. La structure de financement du programme n’a pas encore été détaillée, mais elle pourrait inclure des fonds européens, des budgets nationaux, des investissements privés et des mécanismes de partage des coûts.
L’association Eurelectric, qui représente le secteur de l’électricité, plaide pour la création d’un mécanisme budgétaire décentralisé dans le prochain cadre financier pluriannuel 2028-2034. Elle appelle également à consacrer une part des fonds à l’électrification pour moderniser et étendre les réseaux de distribution.
Objectif : un réseau plus fiable et adapté à la demande future
La Commission souhaite également intégrer des technologies de digitalisation afin de garantir que les réseaux répondent aux besoins futurs en électricité, incluant notamment les véhicules électriques, les pompes à chaleur et l’industrie lourde. Le projet vise à améliorer l’efficacité des échanges transfrontaliers et à mieux intégrer la production locale, solaire ou éolienne.
La réforme des infrastructures pourrait aussi avoir un impact sur les prix de l’électricité. Actuellement, les prix dans l’Union européenne restent deux à trois fois plus élevés qu’aux États-Unis, selon plusieurs rapports remis à la Commission.